Pour patienter, Marcel Inclezan, propose son aide à Colette Julien-Laferrière, qui jardine derrière la maison. Adrian Bartus, reste dans la voiture. Cristian Bartus, son frère aîné, demande à se rendre aux toilettes. Philippe Julien-Laferrière lui indique l’endroit et le surprend quelques minutes plus tard à fouiller la maison. Il menace d’appeler les gendarmes. Le vieil homme n’a pas le temps de le faire, un coup de poing - a minima - l’envoie contre un mur, il s’écroule.
Mme Julien-Laferrière arrive alors et voit son mari gisant sur le sol. Marcel Inclazan tente de la contenir, elle se débat. Il file rejoindre ses comparses, le 4X4 disparaît.
Philippe Julien-Laferrière est hospitalisé. Il est dans le coma, n’en sortira pas. Il meurt un mois plus tard.
« J’ai paniqué, je l’ai frappé. Un coup de poing au visage. » Cristian Bartus a reconnu les faits. À la barre, il répète, « je suis un voleur, mais je n’ai jamais voulu lui enlever la vie, je regrette, j’ai semé le malheur autour de moi, je vous demande pardon. » Aux premières heures de l’audience, dans ce français châtié, appris à l’école, il dédouane son frère et Marcel Inclezan, se confond en excuses. Une interprète assure la traduction pour Adrian Bartus, le seul à ne pas parler français.
« C’est, sinon une bande organisée, du moins un trio avec des habitudes de travail : ils ont volé le 4X4 en Autriche, deux jours plus tôt, volé un portable et un passeport en passant en Italie. L’un occupe une victime, l’autre reste à l’extérieur, le troisième entre et fouille la maison et peut à l’occasion se montrer violent » explique l’enquêteur de la gendarmerie, par visioconférence. Il pense que la victime a eu la tête frappée contre le mur, jusqu’à s’écrouler. Hypothèse à laquelle l’expert légiste préfère celle d’un coup de poing qui envoie la victime contre le mur en ciment, puis sur le carrelage du sol.
L’enquête a été longue. L’ADN sur la bouteille de soda et les morceaux de sandwich, le numéro d’immatriculation noté par Philippe Julien-Laferrière au dos d’une enveloppe, permettent de retrouver la voiture, abandonnée car embourbée, près de Lyon. À l’intérieur, des téléphones portables renseignent sur d’autres contacts. Un troisième frère, Bartus, est interrogé, il habite à Besançon et a récupéré le trio dans un hôtel bon marché, quelques jours plus tard, près de Bourg-en-Bresse.
Cristian Bartus est livré par les autorités roumaines en novembre 2007, son frère Adrian est extradé d’Espagne en février 2009 et Marcel Inclezan se présente au commissariat de Besançon en juin 2009.
À 32, 27 et 29 ans, Inclezan et les frères Bartus viennent de la même bourgade roumaine, ont la même allure mince, sont tous les trois de noir vêtus. « Mais nous ne sommes pas amis », prévient Inclezan, « Cristian Bartus me devait de l’argent et m’a dit que son frère, à Besançon, me rembourserait, alors je suis parti avec eux. » Il a peu de curiosité.
« Des professionnels du vol qui laissent autant d’indices, Coca, mégots, sandwichs, ça ne vous surprend pas ? Le 4X4 n’a pas été brûlé comme font les professionnels ? Les plaques n’ont pas été changées ? Ils n’ont pas coupé les fils du téléphone ? » fait remarquer M e Schwerdorffer à l’enquêteur. Pour la défense, le trio n’est ni organisé ni coutumier du fait. Les casiers judiciaires des frères Bartus prouvent pourtant une grande pratique des vols.
« Non, ils n’ont pas besoin de faire attention, ils changent de pays très souvent, Italie, Suisse, France… et tant qu’ils ne sont pas pris, ils continuent et se servent, argent, voitures, portables, passeports… » rétorque l’officier de gendarmerie.
À Rennes-sur-Loue, le 24 septembre 2004, un porte-monnaie a disparu. Un homme est mort, pour 10 €.
http://www.estrepublicain.fr/fr/franche-comte/info/5290895-Doubs-mort-pour-un-vol-de-10-euros
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