jeudi 23 juin 2011

Première journée rocambolesque au procès du père violent et incestueux

Mensonges sur mensonges. L'accusé, attendu à 9 h hier matin devant la cour d'assises, n'a daigné se présenter qu'à 12 h 30.
Devant son refus de quitter sa cellule, il a fallu dépêcher un huissier à la maison d'arrêt, et insister très fortement pour le ramener fissa au palais de justice. « Pourquoi ? », l'interroge l'avocat général Luc Frémiot. « Je ne savais pas que je devais venir.
» Impossible, rétorque la présidente. Autant dire que cette attitude ne jouera pas en sa faveur... « Quel métier exercez-vous ? » Réponse : « J'étais à la sûreté nucléaire. » Mensonge de plus.
Les enquêtes révèlent que R. V. n'a que peu travaillé. Et notamment qu'il n'a pas été militaire pendant une dizaine d'années, honoré du grade de caporal-chef comme il l'a dit au cours de l'instruction. Il a fini deuxième classe à l'issue de son service... Malgré les efforts de Sylvie Karas, les origines de ces mensonges restent floues. La présidente avance une raison de ces affabulations : « Votre vie est moche. »

Prisonnières dans une chambre

Ces détails font presque sourire les jeunes victimes. Mais le contexte est trop lourd. À l'audience, R. V. réfute la majorité des accusations portées contre lui. Violences sur ses trois filles, corruption, agression sexuelle et viols aggravés sur l'aînée. Or, après son interpellation, fin 2009, c'est lui qui a conduit les enquêteurs sur la piste des violences sexuelles. Cet hiver-là, quand la mère des victimes, qui ne vivait plus avec eux, est allée porter plainte, les jeunes filles âgées de 10, 12 et 16 ans, n'évoquaient que des violences physiques. Déjà très lourdes : gifles, coups de pied, étranglements, bousculades brutales. Régulièrement, elles étaient enfermées dans la chambre. Des verrous étaient posés sur les portes. À l'extérieur.
R. V., silencieux, reconnaît une claque, peut-être. S'embourbe dans des explications abracadabrantesques. Au moment de la perquisition, pourtant, alors que les enquêteurs mettaient la main sur une trentaine d'accessoires sexuels et de la lingerie, R. V. précisait « avoir montré à Mélanie* comment il fallait faire les choses du sexe ». De là, l'adolescente avait tout révélé. Les masturbations, les pénétrations avec des objets, etc.
Hier, le rappel de ces détails très crus ont été une épreuve. La mère des victimes, très émue, a pu expliquer les raisons de son départ du domicile familial, en 2007. « Quand j'ai commencé à travailler, je me suis rendue compte que ce qui se passait chez moi n'était pas normal.
Avec lui, j'étais une incapable, ce que je faisais, c'était jamais bien. » R. V. aurait accepté la séparation, à condition qu'il puisse garder les enfants. « Il nous a menacées de mort », lâche la femme. Elle est partie. Et n'a pas obtenu la garde.
Hier, un expert tentait d'analyser le comportement de l'accusé : « Il a projeté sur l'enfant ses désirs et fait joué à sa fille un rôle qui n'est pas le sien. » Celui d'une mère pour ses soeurs. Et d'une femme pour ses envies charnelles.   
Ce matin, la cour entendra les victimes. Le verdict est attendu aujourd'hui.
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Douai/actualite/Secteur_Douai/2011/06/23/article_premiere-journee-rocambolesque-au-proces.shtml

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