mercredi 22 juin 2011

Relaxe pour l'interne

L'affaire avait défrayé la chronique : un interne en médecine du CHR de Lille se serait livré à des attouchements sur une patiente âgée de 12 ans. Après plusieurs reports, le dossier est enfin examiné hier devant le président Hoc Pheng Chhay. Première constatation : alors qu'il s'agit bien de la mort sociale d'un homme et d'une agression sur une mineure, il n'y a pas eu d'instruction. Quelques procès-verbaux de police et une collègue (interrogée à l'instigation de la défense) qui dit que, pendant l'examen litigieux, elle a passé la tête à deux ou trois reprises et n'a rien vu d'anormal.
De quoi s'agit-il ? La jeune fille est hospitalisée pour une éventuelle hernie dans le pli de l'aine. X., l'interne qui réside à Leers, effectue l'examen de la patiente. Cette dernière trouve bizarre que l'interne lui demande si elle a déjà fait l'amour. « Nous posons cette question pour savoir, à tout hasard, si elle n'est pas enceinte », explique, visiblement très ému, l'interne.


Il a demandé aussi à la petite voisine de chambre et à son père de sortir pendant l'examen. « Normal », insiste le prévenu. Les doigts descendent le long du pli de l'aine et la jeune fille dit : « Il a touché mon sexe... ». Me Julien Bensoussan proteste : « C'est toujours normal, c'est un geste médical, ça se passe à quelques centimètres, voire à quelques millimètres des parties intimes ».
Me Nacéra Arbi, en tant que partie civile, insiste : « La victime, qui a subi une greffe du foie à deux ans, a été hospitalisée souvent et sait bien ce qu'est un véritable examen médical ». La procureure Olivia Thiel requiert un an de prison et l'interdiction définitive d'exercer un métier quelconque en rapport avec les enfants.
Mais, dans l'ombre, une autre donnée menace le prévenu : après des agressions sexuelles soupçonnées en 2006 et 2007, X. vient d'être condamné à un an de prison à Saint-Etienne où il était étudiant. Or, X., qui nie, ne s'est pas rendu au procès : « Je n'avais plus d'argent », dit-il piteusement. Une procédure contre lui pour d'éventuelles violences conjugales est évoquée aussi par la partie civile.
Mais Me Bensoussan n'en a cure : « Mon client est très déprimé, il se défend mal mais, dans le dossier, il n'y a rien ! Cette enfant s'est peut-être trompée ». Refusant de s'égarer vers des considérations connexes, courageusement, la chambre correctionnelle présidée par Hoc Pheng Chhay relaxe le prévenu. Il s'écroule en pleurs, à bout de nerfs, dans un coin de la salle d'audience

http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2011/06/21/relaxe-pour-l-interne.shtml

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