jeudi 25 août 2011

Ce que les juges reprochent à Guérini

Il faut faire « attention au bureau », il faut « tout débarrasser », ordonne en langue corse Jean-Noël Guérini à son frère Alexandre en avril 2009. Quelques semaines plus tard, le président (PS) du conseil général des Bouches-du-Rhône, se doutant qu’une instruction judiciaire est ouverte concernant les activités de son frère, mais qui ne se sait pas sur écoute, le rassure : « Hum, de toute façon, au bout de trois ans, y a prescription, y peuvent rien faire.
Des phrases sur lesquelles l’élu PS, convoqué le 8 septembre en vue d’une possible mise en examen pour « prise illégale d’intérêt, trafic d’influence, et association de malfaiteurs », devra s’expliquer. Toutes sont reproduites dans l’ordonnance du 5 août des juges d’instruction Charles Duchaine et Pierre Philipon, en charge d’une vaste instruction judiciaire ouverte début 2009 sur des marchés publics présumés frauduleux dans les Bouches-du-Rhône. Ainsi que dans le réquisitoire supplétif délivré le 12 août par le parquet de Marseille ouvrant la possibilité de poursuivre l’élu. Deux documents que nous avons pu consulter.
« En sa qualité de président du conseil général », débutent les magistrats, Jean-Noël Guérini a pris part au vote de la cession d’un terrain en 2006 « alors qu’il savait que cette cession allait profiter à son frère Alexandre». L’histoire de ce terrain avait surgi lors des auditions d’Alexandre Guérini, mis en examen en décembre dernier, puis placé sous contrôle judiciaire après cinq mois et demi de détention. Le juge soupçonne l’élu d’avoir utilisé son pouvoir pour permettre à son frère d’y étendre une de ses décharges. Le juge cherche également à savoir si l’élu a utilisé sa fonction pour satisfaire « un intérêt familial, fraternel et affectif pour lui-même, et économique pour son frère Alexandre ».
En septembre 2009, il aurait poussé le sénateur-maire de Berre-l’Etang — lui aussi convoqué, le 14 septembre, en vue de sa mise en examen — à faire recruter un avocat ami pour aider son frère à régler un conflit. Jean-Noël Guérini aurait enfin « toléré les immixtions sans titre de son frère Alexandre dans le règlement d’affaires relevant de la compétence du département à des fins de clientélisme servant leurs intérêts communs » écrivent les juges, justifiant ainsi « l’association de malfaiteurs ». « Il est convoqué en vue d’une mise en examen mais il n’est pas encore mis en examen puisque il y a un débat », tempère l’avocat de l’élu socialiste, Patrick Maisonneuve. A l’issue de sa convocation, Jean-Noël Guérini pourrait également être placé sous le statut de témoin assisté. « Tous les faits qu’on lui reproche sont contestés, précise l’avocat. Et il n’est pas question, en ce qui concerne Jean-Noël Guérini, d’enrichissement personnel. » « Que le juge souhaite m’entendre dans l’affaire de mon frère ne me cause aucune inquiétude », a réagi la semaine dernière Jean-Noël Guérini, qui s’est même dit « soulagé » de pouvoir s’expliquer

http://www.leparisien.fr/marseille-13000/ce-que-les-juges-reprochent-a-guerini-25-08-2011-1577945.php

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