Franck Lasserre est arrivé vers 9 heures ce vendredi au palais de justice de Pau, encadré par deux policiers, vêtu d'un polo rayé et d'un jeans, le crâne rasé, ses fines lunettes sur le nez. Mis en examen pour assassinat et placé en détention quelques jours après le meurtre de Frédéric Nadau, le père de famille avait rendez-vous avec le juge des libertés et de la détention.
Un rendez-vous normal après un an d'incarcération provisoire, afin d'examiner une éventuelle libération et un placement sous contrôle judiciaire.
En rappelant la gravité des faits et « le contexte particulier » de l'affaire, le procureur de la République Jean-Christophe Muller a requis le maintien en détention : « Un certain nombre d'actes reste à effectuer, notamment la reconstitution et de nécessaires confrontations. Il faut préserver la sincérité des investigations, éviter que le mis en examen ne se soustraie à la justice, et prévenir tout trouble à l'ordre public ».
« Il est allé à Lescar sans intention de tuer »
Pour Me Marie-Elisabeth Ducruc-Niox, il n'y a plus de risque de trouble à l'ordre public et la détention provisoire ne s'impose pas : « Franck Lasserre n'a aucun antécédent judiciaire. Il est parfaitement inséré socialement. Il a un domicile à Astis et un métier de graphiste. Son épouse et ses enfants lui rendent régulièrement visite à la maison d'arrêt ».
Me Thierry Sagardoytho enfonce le clou : « C'est un excellent père de famille, follement amoureux de son épouse ». La mise en examen porte sur un assassinat, c'est-à-dire un meurtre avec préméditation. Ce que conteste l'avocat : « Il est allé à Lescar sans intention de tuer ».
Me Sagardoytho reprend la chronologie de la soirée du drame à partir du moment où « Franck Lasserre va à la rencontre de son rival » : « Devant la gendarmerie, Frédéric Nadau est vivant : aucun des coups de couteau qu'il a reçus n'est mortel. Franck Lasserre se dessaisit alors de son couteau, qu'il jette dans la cour de la gendarmerie. Et il appuie lui-même sur le bouton de l'interphone de la gendarmerie pour donner l'alerte. Oui, c'est bien lui qui appelle les secours ».
Le drame se joue dans ces quelques minutes, sur lesquelles se concentre visiblement une partie des investigations. Car, après avoir appuyé sur l'interphone, Franck Lasserre est retourné chercher un second couteau, puis est revenu porter le coup fatal.
« Non-assistance à personne en danger »
« Il aurait alors fallu l'empêcher de revenir et de commettre cela, mais il y a eu une défaillance : quand le gendarme adjoint volontaire qui était de permanence est sorti, il était trop tard », insiste Me Thierry Sagardoytho. L'avocat « ne veut pas faire le procès de la gendarmerie ». Devant le juge des libertés et de la détention, il parle de « non-assistance à personne en danger » en évoquant notamment « un problème technique au niveau de l'interphone » : « L'appel n'a pas été transmis au centre opérationnel de la gendarmerie : les 'Quatre saisons' de Vivaldi tournaient en boucle, mais personne ne décrochait... De précieuses minutes ont alors été perdues. Des minutes pendant lesquelles Frédéric Nadau aurait pu être sauvé ».
C'est là un point clé de l'enquête sur lesquelles l'instruction devra faire toute la lumière. Les avocats attendent beaucoup de la reconstitution qui devrait être organisée au mois de janvier.
Hier, le juge des libertés et de la détention a décidé de maintenir Franck Lasserre en prison.
===> C'était il y a tout juste un an, à Lescar
Le mercredi 8 septembre 2010, un peu après 22 h 30, Frédéric Nadau, 32 ans, décédait devant le portail de la gendarmerie de Lescar, après avoir reçu dix coups de couteau. Rapidement, Franck Lasserre, un père de famille de 40 ans demeurant à Astis, était interpellé, mis en examen et placé en détention. Cet homme jusqu'alors sans histoire aurait frappé - « dans un état second » lors d'une crise de jalousie - celui qu'il considérait comme son rival.
L'instruction confiée à un juge palois se poursuit. Les investigations sont confiées à l'antenne paloise de la police judiciaire. Le décès dramatique de Frédéric Nadau, originaire de Bougarber, très apprécié (notamment dans le milieu occitan, dont il était une figure), avait causé un vif émoi en Béarn.
http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2011/09/10/meurtre-de-lescar-la-defense-fait-le-proces-de-l-interphone,210218.php
1 commentaire:
Frédéric Nadau était un charmant jeune homme qui ne méritait pas de mourir. Hélas, il a fallu qu'il croise la route d'une femme mariée, mère de quatre enfants, qui s'est amourachée de lui! Il y avait de quoi, certes, mais pourquoi ne s'est-elle pas plutôt intéressée à celui qui lui avait fait quatre enfants, un homme qu'en d'autres temps, elle avait trouvé à son goût...? Car, en travaillant à troubler Frédéric, elle l'a entraîné dans la mort. C'est infiniment dommage pour un jeune homme qui avait tout pour lui… ! Mais quand la malchance s'en mêle...
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