samedi 10 septembre 2011

Mort d’overdose à 18 ans sans que ses copains n’interviennent

Pendant toute une journée, le jeune homme avait « comaté » dans un canapé puis sur un lit. Allongé sur le ventre, recroquevillé comme s’il était frigorifié. Ses copains avaient défilé dans l’appartement, le prenant en photo, s’inquiétant de son état en lui prenant le pouls, s’étonnant de son teint « bleu » ou que ses mains soient gonflées.
Mais ils avaient longtemps tergiversé sur la nécessité d’appeler les pompiers et ils l’avaient même transporté dans un appartement voisin avant d’alerter les secours. Trop tard. Ce 13 novembre 2009 un peu avant 21 heures, le jeune homme avait succombé d’une overdose selon le médecin légiste. Un méchant cocktail de cannabis, de cachets d’anti dépresseurs et de cachets de subutex, un substitut à l’héroïne.
Tous les participants à la soirée précédente et à la journée du drame avaient été entendus comme témoins par les gendarmes. Et au final, deux frères ont été jugés hier pour « non-assistance à personne en danger ». L’aîné avait couché la victime dans son canapé après une nuit occupée à des vols à la roulotte dans des voitures, et il ne voulait pas qu’on trouve chez lui les objets volés et de la drogue. Le cadet, au lieu d’appeler les secours, avait donc demandé au demi-frère de la victime de « se démerder avec lui ».
Deux garçons qui se sont évertués à nier leur responsabilité à la barre, revenant sur leurs déclarations aux gendarmes, qu’ils auraient « signées sans les relire ».
« On m’a dit qu’il avait pris de la coke et du subutex, rien de méchant quoi. On pensait qu’il était juste défoncé. Moi ça m’arrive de dormir quinze heures » argumente même le cadet. Consternant.
« Ce sont deux irresponsables. Ils n’avaient qu’un geste à faire, appeler les pompiers », a résumé M e Corioland. L’avocate de la famille du défunt a surtout regretté que les autres protagonistes ne soient pas aussi jugés, notamment le fournisseur de la drogue.
Mais la substitut Charlotte Millon a insisté sur le sérieux de l’enquête, et rappelé que seuls les deux frères étaient jugés « car ils avaient conscience du péril, mais qu’ils avaient fait obstacle à l’arrivée des secours » alors que tout le monde s’inquiétait de l’état du jeune garçon. Et de requérir contre eux un an de prison avec sursis.
« Ce dossier est mal ficelé », s’est insurgée M e Benneteau. L’avocate des deux frères a demandé l’ouverture d’une information judiciaire pour mieux établir le rôle de chacun ce jour-là. En cas de refus du tribunal, elle plaidait leur relaxe. « Il faut réellement avoir conscience du danger pour être condamné pour non-assistance. Ce n’est pas leur cas puisque ce sont des toxicos qui ont l’habitude de voir des gens se défoncer », argumentait l’avocate. Le jugement a été mis en délibéré au 4 octobre.
http://www.leprogres.fr/ain/2011/09/07/mort-d-overdose-a-18-ans-sans-que-ses-copains-n-interviennent

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