mercredi 14 septembre 2011

Nouveau camouflet pour l'ex-procureur Nachbar

Le couple Fourniret innocenté… Il fallait s'appeler Nachbar pour parvenir à un tel résultat ! Mais les faits sont là : c'est en bonne partie à cause des conditions très particulières dans lesquelles l'ex-proc des Ardennes a obtenu certains soi-disant aveux de Monique Olivier que les deux monstres sont aujourd'hui dégagés de toute responsabilité dans les affaires Parrish et Domèce.

MICHEL FOURNIRET et Monique Olivier blancs comme neige : vous pouvez vous pincer, vous ne rêvez pas.
Pour ceux qui douteraient encore, voici la conclusion de l'ordonnance de 55 pages rédigée le 24 août par Jeanne Duye, vice-présidente chargée de l'instruction au tribunal de grande instance de Paris, à propos de l'enlèvement, de l'homicide et du viol (ou de la tentative de viol) de deux jeunes femmes, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce : « A l'issue de l'information, faute de pouvoir s'appuyer sur des éléments probants caractérisés, il y a lieu de considérer qu'il n'existe pas de charges suffisantes à l'encontre de Michel Fourniret et Monique Olivier, d'avoir commis les faits qui leur sont reprochés et un non-lieu sera dès lors ordonné. »
Première question qui se pose à la lecture de ces lignes édifiantes, comment ces deux tueurs ont-ils pu être innocentés ? C'est tout bête : justement parce qu'ils sont innocents, du moins des deux crimes en question. Mais alors pourquoi a-t-on tenté de leur faire porter le chapeau ?
La réponse est plus complexe mais pourrait se résumer en une phrase : la soif de reconnaissance, le besoin de pouvoir et l'avidité médiatique d'un homme, qui lui ont fait fouler au pied les règles les plus élémentaires de sa profession, quitte à tuer une enquête. Cet homme, aujourd'hui démenti de la plus cinglante des façons par ses pairs, se nomme Francis Nachbar.

Machine infernale

Pour bien comprendre les mécanismes de la machine infernale montée de toutes pièces par l'ancien procureur des Ardennes, il convient de remonter au 17 mai 1990.
Ce jour-là, on découvre flottant dans l'Yonne, près d'Auxerre, le corps nu d'une jeune Anglaise de 20 ans, Joanna Parrish.
L'autopsie révélera que la malheureuse, après avoir été enlevée, a été droguée, attachée, violée puis étranglée. Des mois, des années durant, les enquêteurs explorent toutes les pistes, compulsent des fichiers, se livrent à des reconstitutions, des auditions, des recherches de témoignages… Sans résultat. Le dossier n'est pas enterré, mais il est permis de se demander si l'on retrouvera un jour le bourreau de Joanna.
Le 14 février 2005, Francis Nachbar, alors procureur des Ardennes, se rend en Belgique pour assister à l'une des auditions de Monique Olivier, alors détenue sur le territoire belge. Il est accompagné de deux officiers du célèbre SRPJ de Reims. Cette audition est interminable, onze heures ! Mais au bout du bout, Francis Nachbar exulte : Monique Olivier vient de reconnaître sa complicité dans l'enlèvement, le viol et le meurtre de la jeune Anglaise. Et dans la foulée, l'épouse de Fourniret, décidément en verve, avoue également les mêmes crimes à l'encontre de Marie-Angèle Domèce, disparue elle aussi près d'Auxerre en juillet 1988.

Un sinistre matamore

Premier couac dans les heures qui suivent ces aveux : Monique Olivier affirme avoir été frappée par le procureur et l'un des policiers français au cours de cet interrogatoire. Bien qu'interrogée à d'innombrables reprises, il est à noter que c'est la seule fois où l'épouse de Monique Olivier se plaindra de mauvais traitements.
Pire, un policier belge, présent lors de l'audition, confirme en bonne partie les accusations de la tueuse en série. Les autorités belges transmettent la plainte à leurs homologues françaises, qui s'empressent de la classer sans suite : le procès du couple maudit approche et la hiérarchie du procureur préfère étouffer le scandale naissant.
Le procès s'ouvre le 27 mars 2008, à Charleville. Mais bizarrement, malgré ces fameux « aveux », les dossiers Parrish et Domèce ne seront pas traités. Ce qui n'empêche pas Francis Nachbar de faire venir les parents de la jeune Anglaise dans les Ardennes et de leur promettre que bientôt, un second procès permettra de condamner le couple Fourniret pour le viol et l'assassinat de leur fille.
Le dernier acte de cette face sinistre vient donc de se jouer : mis en examen, les Fourniret se retrouvent innocentés, les prétendus aveux de Monique Olivier ayant été recueillis sous la violence. La vérité, elle, est sordide : sinistre matamore, l'ex-proc des Ardennes n'aura pas hésité à molester une personne mise en examen pour embellir son tableau de chasse. Francis Nachbar a détruit une enquête, trompé la justice, travesti la vérité, permis au vrai coupable de couler des jours heureux et pire que tout, fait aux parents de la jeune suppliciée anglaise une promesse qu'il savait ne pas pouvoir tenir.

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/nouveau-camouflet-pour-lex-procureur-nachbar

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