jeudi 29 septembre 2011

Sur l’autoroute, le commercial se fait passer pour un commissaire

C’est une affaire unique en son genre. Le 12 avril dernier, une jeune femme roule sur l’A6 en direction de Paris. Elle se sent suivie par une 307 noire depuis de nombreux kilomètres. À hauteur de Chalon, ce véhicule vient se poster à sa hauteur. Derrière la vitre, un homme exhibe une carte de police et lui fait signe de le suivre jusqu’à une aire d’autoroute.
« Il s’est présenté comme un divisionnaire. Il m’a dit que je roulais trop vite mais que son métier, c’était le banditisme, pas les délits routiers. Alors soit il appelait les gendarmes, soit je lui proposais autre chose. Je lui ai dit d’appeler les gendarmes ».
Les deux se quittent sur cette aire mais l’homme a la carte de visite de sa victime. Pendant deux jours, il lui passe treize coups de fil, et décline l’identité d’un vrai divisionnaire qui est le patron de la sécurité publique de l’Yonne. C’est grâce à ces appels qu’il est identifié et interpellé.
Ce drôle de commissaire divisionnaire, c’est Alain B.. Cet homme de 51 ans en a peut-être la stature physique, mais il est commercial dans la vie. Il ne nie pas avoir arrêté l’automobiliste en lui présentant un insigne qui est en réalité le logo d’un club motocycliste. Mais il nie fermement que cette manœuvre était dans le but d’obtenir des faveurs : « elle m’avait fait une queue de poisson. J’ai dû me rabattre entre deux camions et j’ai eu la peur de ma vie. Je voulais qu’elle s’excuse » dit-il hier à la barre de la 13 e chambre du tribunal correctionnel de Lyon. Présente à l’audience, la victime maintient ses déclarations. « Il ne m’a jamais parlé de queue de poisson » insiste cette jeune femme qui ne réclame pas de dommages et intérêts : « Je suis là simplement pour éviter que cela se reproduise et que des femmes plus fragiles ne résistent pas à ce type d’avance ».
Pour la procureure Anne Lacombe, le prévenu s’est comporté en « prédateur » et a eu un comportement doublement scandaleux en donnant l’identité d’un vrai policier. « Il n’y a aucune logique à cette conduite si ce n’est cette frayeur d’avoir eu un accident, ce qui l’a conduit à réclamer des excuses » estime pour sa part l’avocat de la défense Me Brenier.
Ce délit caractérisé par l’usage public d’insigne pouvant créer une méprise avec ceux de la police est passible de six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende.
Le ministère public a requis une amende de 3 000 euros.
Le jugement a été mis en délibéré.
http://www.leprogres.fr/rhone/2011/09/27/sur-l-autoroute-le-commercial-se-fait-passer-pour-un-commissaire

Aucun commentaire: