La voiture de Christophe B., 26 ans, garée en double file à la sortie d'un virage avenue du général-De-Gaulle à Levens, est-elle la cause de la mort de Ludovic, 18 ans ? Un débat très technique s'est déroulé hier devant le tribunal correctionnel de Nice. Bien loin de la souffrance d'une famille éplorée.
Avant que ne s'ouvre l'audience, les lunettes noires de Sylvette Fiorentini ne pouvaient masquer le chagrin indicible d'une mère qui a perdu son fils. Ludovic Sabali, 18 ans, est mort le 27 octobre 2009 vers 20 heures, alors qu'il faisait nuit, après une embardée au guidon de sa moto, surpris par un obstacle.
Soutenue par ses proches, Sylvette Fiorentini vient expliquer à la barre, la voix brisée par les sanglots, pourquoi son fils a perdu le contrôle de sa Suzuki 600 cm3. « Il n'a pas eu le choix. Il s'est tué pour éviter de tuer quelqu'un. Il n'avait aucune marque sur le corps. Sa moto n'avait rien. Il pilote depuis qu'il est enfant. Il maîtrisait ».
La Mégane de Christophe B. était l'arrêt pour permettre à deux de ses amis de monter. « J'ai entendu un crissement de pneus. J'ai vu dans mon rétroviseur la moto guidonner. C'est tout », explique le prévenu, poursuivi pour homicide involontaire par cause indirecte.
Ludovic, désarçonné, aurait percuté l'arrière de la voiture selon des témoins. Mais rien n'est sûr. Les dépositions et les témoignages ont souvent été contradictoires. À l'arrivée des gendarmes, le ou les voitures mal stationnées avaient changé de place. « Comment accorder du crédit à Christophe B. dont le taux de cannabis dans le sang était de plus de 9 nanogrammes sur une échelle de 10 ? »,souligne Me Sophie Spano, l'avocate de la famille de Ludovic.
« Un garçon joyeux, irréprochable »
La présidente Colette Moreau-Zalma note, avec certaines précautions oratoires, que le jeune motard roulait avec une machine débridée autour de 71 km/h au lieu des 50 autorisés. Un argument que reprend l'assureur qui cherche à se défausser. « A la vitesse à laquelle s'est déroulé l'accident selon les experts, que la moto puisse atteindre 200 km/h au lieu de 150 ne change rien», observe, agacée, Me Sophie Spano. L'avocate de la partie civile décrit « un garçon joyeux, raisonnable, irréprochable ». « Le pilier d'une famille qui n'arrive pas à se remettre de ce drame ».
Et stigmatise « un stationnement non pas gênant mais dangereux ». La procureure Julie Rouillard, au moment de requérir une peine, confie son embarras. La magistrate estime ne pas avoir suffisamment de preuves pour demander une condamnation pour homicide involontaire. En revanche, elle réclame 3 mois de prison avec sursis et l'annulation du permis de conduire pour sanctionner la prise de cannabis. Joseph Ciccolini, avocat de la défense, salue « l'objectivité du réquisitoire ». Il reste persuadé que la vitesse est à l'origine du drame : «70 km/dans un village, c'est trop, beaucoup trop. C'est bien la vitesse qui est l'élément déclencheur », martèle l'avocat. Le jugement est mis en délibéré. Il sera rendu le 17 octobre.
http://www.nicematin.com/article/levens/tragique-accident-a-levens-un-proces-en-vain
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