mardi 25 octobre 2011

Vesoul : « éprise de haine », elle a voulu écraser son ex

Elle parle de manière soutenue. Ne nie rien des accusations de tentative de meurtre. Le 28 décembre 2008, cette jeune femme de 26 ans est accusée d’avoir voulu tuer son petit ami en l’écrasant avec sa propre voiture à Ronchamp. Cette R 19 bleue, son ex-petit ami la lui avait laissée après leur rupture qui datait de novembre. Il était parti du domicile conjugal de Saint-Germain qu’il lui avait laissé le temps du préavis et continuait de payer le loyer. Il ne pouvait plus conduire pour cause de blessures. Peu avant, elle lui avait jeté un verre au visage. Il éclate. 32 points de suture à la main. « Elle voulait me défigurer pour que je ne trouve personne d’autre. Si moi je ne t’ai pas, personne ne t’aura ». La rupture a suivi, après 7 ans de vie commune.
Fin décembre, alors que les contacts entre eux deux ne sont que téléphoniques, elle insiste pour le voir. Elle est chez ses parents à Ronchamp, à 250 m de la demeure des parents de son ex. C’est comme ça depuis qu’ils sont tout petits, « nos pères sont copains » a-t-elle précisé au début des questions du président Ardiet. Il finit par venir. Là, hors du domicile des parents, -« car ma mère ne voulait pas entendre de cris »-, elle lui annonce qu’elle est enceinte de lui. Il reste froid. « Quelques semaines avant, elle avait fait une grossesse nerveuse. Je lui ai dit : on avisera si c’est une vraie grossesse. » Ce bébé, elle le perdra en détention provisoire après avoir dit à son meilleur ami qu’il était de lui… Sur le coup, elle n’admet pas la réponse de son ex. « J’ai commencé à partir et elle m’a dit : je vais te tuer. Je prends la voiture et je t’écrase ». Lui, à pied, répond selon elle : « T’as que de la gueule ». Puis la voit se diriger vers la R 19 garée en face. Il prend peur et les jambes à son coup.

« Dès que j’ai pu, je l’ai percuté »

Chassé comme un gibier, le jeune homme court. Il rencontre sa mère sur le trajet. « Elle a pété un câble », et repart de plus belle. La course dure 250 m au moins. « Dès que j’ai pu, je l’ai percuté. » Ce qu’elle parvient à faire au niveau du restaurant Marchal. « J’ai été pris en sandwich entre la voiture et le muret ». Projeté à 2 m, le muret fait désormais rempart entre elle et lui. « C’est là qu’elle m’a glissé : je te l’avais dit que je ferais de la prison pour toi ». La jambe brisée, le jeune homme appelle de l’aide. Arrivent des riverains et le frère de la victime. Énervé, il lui prend les clés de la voiture pour qu’elle ne puisse pas s’en aller. Mais sous la pression du pugilat qui s’annonce, il lui rend les clés.
Quelques minutes plus tard, la R 19 ronfle de plus belle. « J’étais en seconde, à 60 km/h », dira-t-elle aux enquêteurs. « La revoilà, la revoilà », s’inquiète-t-on du côté de l’attroupement. Tout va très vite encore. « Quand elle est revenue, j’ai pris un parpaing et je l’ai envoyé dans le pare-brise », affirmait hier le frère de la victime. « C’est ce parpaing qui fait que je les ai percutés. Sans le parpaing, j’aurais juste percuté la palissade. Je voulais me suicider pour qu’il culpabilise. J’étais éprise de haine ». Dans le mouvement, le frère âgé de 28 ans aujourd’hui passe au-dessus de la voiture, un ami est également percuté. L’homme de 61 ans ne l’accable pas. Le président Ardiet s’en fait le relais.
« Il dit que vous ne fonciez pas nécessairement sur le groupe. » « Je ne visais pas le groupe », assure-t-elle encore. Une amie dira le contraire… Elle percute donc deux autres personnes. « Avez-vous freiné ? », demande à nouveau le président Ardiet. « La seule fois, c’était pour marquer le stop (N.D.L.R sur le chemin du premier choc) ».
L’avocat général s’agace. « Pourquoi avoir marqué un stop ? », trouve-t-il incongru. Comme il s’agace qu’elle ait dit le 27 décembre à son meilleur ami (amant) qu’il était lui aussi le père de l’enfant. Le 5 janvier 2009, en détention, elle lui avait écrit : « Il existe des circonstances atténuantes […] si ça ne marche pas, on jouera sur mon passé en foyer ». Les débats du jour.

Aujourd’hui, les aspects psychiatriques de l’accusée seront abordés en début d’audience. Un aspect essentiel puisqu’il a été fait état de ses troubles bipolaires.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2011/10/25/j-etais-eprise-de-haine

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