Les faits démarrent en décembre 2005. Via un site de rencontres sur le net, un quinquagénaire de Saint-Nicolas-de-Port tombe sous le charme d’une jeune femme qui dit habiter la Côte d’Ivoire. Rapidement, celle-ci lui confie ses déboires, ses tourments, sa difficulté de vivre dans un pays en guerre civile… mais évoque aussi la perspective d’avenir radieux qu’il représente…
Spécimen et potion miracle
L’homme ne tarde pas à lui envoyer des mandats afin qu’elle puisse prendre des billets d’avion (open, soit très très chers) et puisse ainsi le rejoindre. Les voyages sont cesse remis, la dulcinée virtuelle multiplie les malheurs.La dame craint tant pour sa vie que pour ses biens. Elle demande à son chevalier servant d’aller récupérer une malle pleine de sa fortune, dans une société installée aux Pays-Bas, censée gérer ses avoirs financiers. Le Portois fonce, sans coup férir, se retrouve dans les bureaux sordides d’une banlieue qui ne l’est pas moins mais ne soupçonne toujours rien de louche.
On lui remet une cassette contenant 7 millions de dollars ! Ennuyeux, chacun des billets est barré de la mention spécimen. « Une ruse », affirment sans rire les pseudos gestionnaires de patrimoine. Il suffit d’acheter un produit miracle pour nettoyer les numéraires et leur faire retrouver leur valeur originelle. L’amoureux transi prend une fiole à 20 000 €, laquelle explosera dans sa chambre…
Des sous-fifres
Fin de la partie. L’homme commence à avoir des doutes… La petite plaisanterie s’arrête en 2008, il a dépensé 123 000 € et des poussières. Il dépose plainte. Avec les policiers il imagine un stratagème, donne rendez-vous à Nancy à des émissaires qui en échange de 20 000 € encore lui remettront un nouveau flocon de détergent à billets. Un couple se présente, est interpellé dans la foulée. L’homme, Elvis Oforji, domicilié aux Pays-Bas, originaire du Liberia, dit ne rien comprendre à l’affaire, il est là pour rendre service à d’autres assure-t-il. Idem, pour la dame, Shako Wetchy-Koho, une quinquagénaire de la région parisienne. L’enquête restera inaboutie, on ne saura jamais qui se cachait derrière les écrans ou derrière la pseudo-société néerlandaise…« Il ne faut pas chercher à sanctionner quelqu’un à tout prix ! Ma cliente était bien à Nancy avec Elvis Oforji le 14 octobre 2008, mais parce qu’elle parlait français, contrairement à son cousin. Il n’y a aucun élément matériel qui la relie à ce dossier et à toute cette escroquerie », plaide Me Virginie Barbosa.
« A priori, on peut avoir quelque difficulté à comprendre comment un homme sain d’esprit peut se laisser avoir d’une telle façon. Mais voilà, les auteurs de ce genre de faits font preuve d’une imagination fertile et savent profiter des fragilités de leurs proies. Le parquet a malheureusement d’autres procédures en cours… », soupire Yvon Calvet, le procureur adjoint. Il regrette l’arrestation des seuls sous-fifres. « En même temps, les responsables de cette arnaque avaient suffisamment confiance en eux pour leur faire remettre 20 000 € », poursuit-il. Il requiert 15 mois de prison ferme assortis d’un mandat d’arrêt à l’encontre d’Elvis Oforji et 9 mois pour sa complice.
Le tribunal ne fait pas de différence, les condamne tous deux à 8 mois dont 4 avec sursis et mise à l’épreuve et à l’indemnisation solidaire de la victime à hauteur du préjudice.
http://www.estrepublicain.fr/meurthe-et-moselle/2011/11/01/deleste-de-123-000
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