lundi 23 janvier 2012

8 ans ferme pour le « violeur des terrains vagues »

Tout le monde en a pris pour son grade hier. Les parents d’Alexander* (12 ans au moment des faits) et Kevin* (14 ans et demi), bousculés par le président Ardiet et les deux juges qui l’encadrent. « Comment se fait-il que vous n’ayez pas réagi une fois les faits dénoncés ? » Silence gêné de la maman, qui se reprend : « Si, ça, je l’ai fait. » « Vous l’avez fait bien après, vous l’avez laissé y retourner » regrette un magistrat de la cour d’assises. Quinze jours plus tôt, Alexander lui avait dit avoir été tripoté par Henri tandis qu’il passait le week-end chez son père, entre Gray et Dampierre-sur-Salon. « Si ça recommence, tu me le dis. » Ce regret résonne dans les déclarations faites aux gendarmes par le jeune garçon de 12 ans qui, le 7 décembre 2008, assure avoir été violé par l’accusé, Henri Lapostolle. « Si ça recommence, tu me le dis », avait lancé la veille des faits de viol et à son tour, le père de la jeune victime.
Autre alerte : Alexander s’en était ouvert à un copain du papa : « Henri a dit qu’il voulait faire l’amour avec moi. » « Dis-le à ton père » lui avait-il répondu. La suite, dramatique, a été consignée par les certificats de deux médecins qui ont examiné les blessures du jeune garçon.

« Hallucination négative »

Hier matin, pas de doute pour le psychiatre expert, le docteur Claden, qui a brossé le portrait clinique du septuagénaire. À lui d’être rabroué. Un juge assesseur le reprend au terme de son exposé : « Je suis gêné de vous avoir entendu exprimer votre intime conviction. » Le praticien concède que cette remarque est justifiée, mais, au regard de son expérience, l’explicite. « Il y a un certain nombre d’arguments suffisants pour faire le lien. Des précédents nombreux (N.D.L.R.: au nombre de six) et les constatations de l’enquête qui font une démonstration précise. Tout, mis bout à bout, c’est presque de la part de l’accusé une hallucination négative. »
Seul son avocat la partageait. « Je suis dans le doute. Rien n’est plus dangereux que les évidences. » Hier, pas plus que la veille, le vieil homme n’a concédé un seul des faits qui lui étaient reprochés.
La porte était dès lors ouverte en grand à l’avocat général, M. Wardenski, pour enfoncer le clou de son réquisitoire. « Il est des dossiers difficiles, mais pas ce dossier présent. » Et de faire état des éléments matériels et des déclarations ayant suivi les faits dénoncés. Des détails très précis révélés par un gamin au QI de 50, de la couleur du porte-monnaie planqué sous un siège de la voiture sans permis - « où il n’est jamais monté », assure l’accusé -, à la poche du manteau où le prédateur remisait le tube de vaseline à capuchon blanc. « Il est malin », tentera-t-il de balayer les arguments qui le confondent dans l’enquête millimétrée des gendarmes.
Plus tristement, le contexte de cette affaire est baigné d’alcool. Celui qui gangrène la mémoire comme les entrailles du prédateur sexuel. Cet alcool qu’il partageait avec le père des deux victimes, un homme de 51 ans. À la barre, il n’en a pas fait mystère. « On buvait trois à quatre bouteilles de rosé à quatre… et les apéros avant quand même. » « C’est très contextuel » pour l’avocat général, habitué des audiences de conduite sous l’empire de l’alcool. « L’alcool est un facteur désinhibiteur et criminogène connu et puissant » avait d’ailleurs rappelé le Dr Claden, après avoir parlé « de tendances perverses » de l’accusé. Bien vain parait alors le coup de théâtre de M e Barrail, qui a tenté de renverser la crédibilité des deux garçons. « Avec des éléments non portés au dossier », a regretté pour les débats contradictoires l’avocat général. Argumentaire balayé par le président Ardiet : « J’indique aux jurés qu’ils ne peuvent tenir compte que de ce qui a été débattu devant nous. »
M. Wardenski ayant requis de 6 à 8 ans, les jurés ont porté le curseur à 8 ans de prison ferme pour Henri Lapostolle, âgé de 70 ans. Et déclaré les deux enfants victimes de viol et d’agression sexuelle
http://www.estrepublicain.fr/actualite/faits-divers

Aucun commentaire: