vendredi 27 janvier 2012

« C’était son gourou »

Assises au premier rang depuis lundi, elles doivent piaffer d’impatience. Elles ? Les neuf plaignantes de ce procès en appel qui, aujourd’hui, seront enfin entendues. Hier, ces femmes ont passé la journée à écouter les psychologues qui les ont examinées.
Fragilité émotionnelle, périodes d’angoisse, manque de confiance en soi, sentiment de honte, de culpabilité, cauchemars, ces mots sont revenus en boucle. Certaines femmes assurent avoir connu des « difficultés sexuelles », une « rupture dans leur vie libidinale ». « Mon ventre m’écoeurait ».
D’autres avouent se sentir sales en permanence, passent leur temps à se laver. « Anne B. a ainsi développé une haine après les hommes », explique un psy. Une autre plaignante a expliqué que Joël Capobianco, au début, était un médecin à qui elle faisait « toute confiance ». « C’était sa bouée de sauvetage, m’a-t-elle dit », confie un médecin. « Ce qu’il disait, pour elle, c’était parole d’évangile. Ce sont ses propres mots. Elle avait tissé des liens de dépendance. C’était, d’après elle, son gourou ».

« Combien faut-il d’Outreau ? »

L’avocat général insiste sur « l’image sociale » que pouvait représenter le médecin. Une façon d’expliquer pourquoi beaucoup de proches de plaignantes, qui assurent avoir entendu des « bruits suspects » derrière une porte, n’ont jamais osé poser la main sur la poignée. Pour les psys, « aucune raison de douter de la crédibilité des plaignantes ». Tel un zébulon, Me Florand bondit de son banc : « Une circulaire de la Chancellerie proscrit l’utilisation, pour les experts, du mot crédibilité ! Que vous faut-il ? Deux, trois, quatre affaires d’Outreau..? ». Le ténor poursuit : « Ce n’est pas parce que dix personnes disent que le camion de pompiers est blanc qu’il n’est pas rouge… Est-il courant, par ailleurs, que les victimes d’agressions sexuelles ou de viols retournent chez leur agresseur, comme certaines de ces plaignantes l’ont fait ? Il y en a même une qui lui a fait un cadeau… ».
Me Florand s’appuie sur les deux acquittements prononcés en première instance en faveur de son client en première instance à Epinal : « Ces mêmes psychologues avaient jugé crédibles les déclarations de ces deux femmes… »

Aux assises, force est de remarquer que certains témoignages, effectués en soirée, quand la salle est quasiment vide et que le témoin a poireauté toute l’après-midi dans une salle, sont surprenants. Mercredi, Catherine, l’une des maîtresses de Joël Capobianco, a narré sa relation avec le toubib vosgien, rencontré sur « Meetic ».
L’amour avec un grand A, au point de se faire tatouer le prénom de son nouveau compagnon sur l’épaule gauche, puis la déchirure. En février 2009, le couple, séparé depuis un mois, se retrouve à Nancy. « Il m’a emmenée dans un hôtel, a voulu m’attacher avec une corde ». La jeune femme vient de changer de profession, vend de la lingerie, des huiles de massage ou encore des sex-toys, et n’est pas au bout de ses surprises. Joël Capobianco aurait sorti un couteau, aurait promené la lame sur sa poitrine, son bas-ventre : «  Je veux être le dernier ! ».
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/01/27/c-etait-son-gourou

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