lundi 2 janvier 2012

Chroniques de la misère ordinaire

En parlant de « chroniques de la misère sociale », Me Brigitte Sergni a habilement résumé la teneur des affaires dont a eu à traiter le tribunal correctionnel de Lille hier. Pas de grand trafic de drogue, ni de braquage à l'italienne. Mais de petites affaires de vol commises par des SDF.


Début d'audience. Roland C. entre dans le box des prévenus, un peu déboussolé. Le tribunal reproche à ce SDF d'avoir menacé deux individus avec un couteau pour leur prendre leur argent, lundi, aux abords de la gare Lille-Flandres. Ce qu'il ne savait pas, c'est que les victimes étaient elles aussi sans domicile fixe. Alternant comme lui des nuits au foyer du Secours populaire et d'autres à l'Armée du Salut.
Dans le box, Roland C., défendu par Me Éliane Dilly, écoute la présidente Nourith Reliquet évoquer les faits, mais il l'assure pour la énième fois : « Je ne me souviens de rien. » Il demande d'ailleurs un délai pour préparer sa défense. À l'évocation d'une « schizophrénie » pas toujours bien traitée, le tribunal réclame une expertise psychiatrique et le place en détention en attendant le jugement prévu le 8 février.
Puis c'est au tour de Guy Hennion et Patrick Weber. Le visage cabossé, les deux SDF portent les stigmates d'une vie passée dans la rue. Les faits qui les amènent devant le tribunal sont d'une banalité sans-pareil. Tandis que l'un fait le guet au bout de la rue, l'autre brise la vitre d'une voiture pour en retirer l'autoradio. Nous sommes à côté de la gare Lille-Flandres. Ils sont interpellés rue de Béthune, quelques minutes plus tard.
« J'ai pas fait exprès »


Guy Hennion explique avoir agi par nécessité, pour répondre à « des besoins alimentaires ». Et de préciser qu'il espérait tirer « 20 ou 30 euros » de son butin. « Ça peut nous paraître banal, plaide Me Brigitte Sergni, mais pour eux, c'est une question de survie. » Patrick Weber est peut-être plus habitué au tribunal avec ses vingt-six mentions au casier judiciaire, mais sa défense n'est pourtant pas bien rodée.
« J'ai pas fait exprès, souffle-t-il à la présidente. J'étais parti faire un tour et je suis tombé sur lui. Ça a mal tourné. » Avec son casier, le prévenu encourt trois ans de prison ferme. Le tribunal l'a condamné à un an de prison ferme. La présidente Reliquet en convient : « Ça fait cher l'autoradio. Mais à la 27e comparution, on pouvait difficilement faire autrement. » Guy Hennion, un casier moins fourni et l'absence de condamnation depuis quelques années, écope quant à lui de quatre mois de prison ferme.http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2011/12/29/chroniques-de-la-misere-ordinaire.shtml

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