Elle avait 39 ans, lui 61. Ils avaient noué une relation depuis qu’elle avait emménagé avec ses trois enfants dans un appartement au deuxième étage de l’immeuble. Il avait fait quelques menus travaux chez elle, elle avait accepté son invitation à dîner et pris ensuite l’habitude, une fois les enfants endormis, de passer la soirée puis la nuit chez lui. Voilà seulement deux mois qu’ils se fréquentent mais semblent déjà nourrir des projets. « J’avais l’intention de faire ma vie avec elle, on devait prendre un appartement ensemble à la fin de l’année », expliquera Yvon Octau.
« Quand il n’y a plus la confiance, ça se passe mal »
Reste que depuis trois semaines, la jeune femme semble s’éloigner. Elle est distante et reçoit de nombreux SMS. Lorsqu’il lui en demande la teneur et les auteurs, elle élude d’un « c’est rien, c’est pas grave ». L’enquête révélera qu’elle a effectivement rencontré un autre homme au début du mois de septembre. Elle a répondu à sa petite annonce, ils se sont vus, se sont plus et le week-end précédent, ils l’ont passé ensemble. Yvon Octau l’ignore (elle lui a dit qu’elle était chez sa mère) mais le subodore. Il a été témoin des réceptions de quelques-uns des 150 SMS que le nouveau prétendant a envoyé à la jeune femme depuis le début de leur relation.Ce soir-là, comme à l’accoutumé, une fois ses deux cadets au lit (âgés de 10 et 5 ans, l’aîné, 15 ans, étant interne), elle descend à nouveau chez l’accusé. Comme toujours, l’apéritif est très arrosé : une bouteille de rosé à deux et plusieurs punchs chacun. « J’avais été abstinent pendant 20 ans avant », indiquera Yvon Octau, « aucune goutte d’alcool, je ne buvais plus que du Coca. J’ai tenu jusqu’au moment où je l’ai rencontrée. Elle me disait ’’allez trinque avec moi’’, j’ai replongé… » Au moment du meurtre, il avait au moins 2,4 g d’alcool dans le sang. La victime presque autant.
Il est 19 h lorsqu’il la voit à nouveau, portable à la main, en train de consulter ses SMS. « Qu’est-ce que c’est ? Qui c’est ? » Elle refuse de s’expliquer. Une fois de plus. Une fois de trop. « Quand il n’y a plus la confiance, ça se passe mal », dira-t-il.
« Je ne voulais pas la perdre »
La preuve. Il sort de la cuisine sans rien dire. Se rend dans sa chambre et prend l’une des deux carabines debout derrière la porte, chargées en permanence. Il néglige la 22 Long Rifle munie d’un silencieux et saisit le fusil de chasse 9 mm à canons superposés (« pour tirer les pigeons depuis le balcon »).Le voici de retour dans la cuisine, l’arme à la hanche. « Elle a tourné la tête sans un mot, j’ai tiré. » Selon l’expertise balistique, le canon se trouvait à 20 cm maximum de la tête de la victime. Le décès a été instantané.
« Je ne me souviens de rien, je n’ai pas de notions de ça », n’a cessé de dire, hier, l’accusé au premier jour de son procès. Tout juste concède-t-il qu’il était « un peu jaloux ». Pour lui, « quand on veut construire ensemble, on n’a rien à se cacher normalement. Il fallait tout se dire, être sérieux. » Et d’assurer : « Je suis d’un naturel calme. Mais je ne voulais pas la perdre ».
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/03/20/mortel-sms-a-morteau
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