Sa femme lui reprochait de ne pas chauffer : un habitant de Woincourt a mis le feu à sa maison le 5 février. Il a écopé de prison ferme hier.
Il y a trois mois, la femme de Joël Watbot, 53 ans, retourne chez sa mère. « Pour la troisième fois en 28 ans de mariage, atteste-t-il. En fait, à chaque fois qu’on a eu des problèmes financiers, elle a fui chez ses parents, mais elle n’a jamais voulu travailler. À deux reprises, j’ai épongé les dettes et elle est revenue. J’ai accepté, par amour et pour notre fils, mais là, j’ai vu la vérité en face… »
« Elle ne mérite pas notre maison »
Le couple a pensé se séparer et vendre cette maison de la rue Louchel, à Woincourt (ouest de la Somme), que l’homme a bâtie de ses mains. Mais l’estimation du bien a donné lieu à une nouvelle dispute. « Elle voulait qu’on brade la maison, regrette-t-il. Moi, j’ai mis 28 ans à la construire. Elle, elle ne lui a pas coûté une goutte de sueur. Elle ne la mérite pas. J’ai dit au notaire que je préférais encore la faire sauter. »
Le 2 février, pourtant, la femme revient. Une reprise de vie commune est envisagée, mais elle trouve qu’il fait froid. « Moi, je n’avais pas les moyens de faire rentrer 600 euros de fuel », se souvient Joël. Alors elle repart…
Le lundi, il se lève à 4 heures du matin. Il pense se faire un café et fumer un cigare mais il accroche un vase, qui se brise dans le silence du matin sombre. « J’ai pété un câble. J’ai rassemblé les meubles au centre de la salle, arrosé d’essence avec une casserole et j’y ai mis le feu. »
Il est alors 8 h 20. À 8 h 26, il adresse ce texto à son épouse : « Ça y est, j’ai mis le chauffage dans toutes les pièces mais il n’y a plus de maison. Il y a trois camions de pompiers et les gendarmes mais ça chauffe bien quand même ».
Puis il part chercher du tabac et boire un café chez des amis. Quand la maréchaussée l’informe du sinistre, il répond en toute bonne foi : « Je sais, puisque c’est moi qui ai mis le feu ».
La procureure Cynthia Celino requiert trois ans de prison dont la moitié ferme. Une peine lourde quand on sait que le quinquagénaire n’a jamais été condamné.
« Ce n’est pas un méchant, mais il s’est senti trahi », confirme Me Serra, qui n’évite hélas pas le maintien en détention : son client est condamné à 18 mois de prison dont 9 ferme.
Il encaisse : « Je suis davantage malade de ce que j’ai fait que de la prison. Je ne dis pas que c’est marrant mais tous les jours, je pense à ma maison et à mes 28 ans de mariage… »
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Ca-y-est-j-ai-mis-le-chauffage
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