mardi 13 mars 2012

Premier coup de théâtre au procès de la tuerie de la place des Géants

“Coupable.” Ce mot a jailli hier de la bouche de Hamdi Khadraoui tant à destination des parties civiles que du président de la cour qui lui demandait s’il reconnaissait les faits dont il est accusé. En l’occurrence, ce jeune homme de 33 ans est accusé de meurtre et tentative de meurtre en bande organisée ainsi que d’association de malfaiteurs dans le cadre de la fusillade de la place des Géants à Grenoble, au cours de laquelle Christophe et Frédéric Morival avaient été tués et Stéphane Morival et Mauricio Torres grièvement blessés. La position de l’autre accusé, Oualid Mokrane, défendu par M e Girault, est tout autre. “Je ne suis pas coupable, je n’ai rien fait, je n’ai rien à voir avec cette affaire. J’ai été mis en examen et incarcéré à cause de rumeurs”, a protesté l’accusé.
Défendu par M es Ripert et Screve, Hamdi Khadraoui s’est donc expliqué une première fois hier après-midi sur la genèse de cette fusillade qui tient à un motif simple : la vengeance.
Hamdi Khadraoui : “J’ai voulu me faire justice moi-même”
En effet, le frère de Hamdi Khadraoui, Ali, avait été assassiné lors d’un guet-apens à Champagnier le 28 avril 2007. Lors de ce guet-apens, Oualid Mokrane avait été pris pour cible mais avait survécu à ses blessures. “Trois jours après la mort de mon frère, j’ai acquis la certitude absolue que Christophe Morival avait tué mon frère. […] Je n’avais pas à faire justice moi-même. J’aurais dû attendre que la justice fasse son travail, mais je n’avais pas l’impression d’être un justiciable comme les autres et que la justice mettait tous les moyens en œuvre pour qu’il n’y ait pas d’autres morts.”
Ces déclarations ont immédiatement fait réagir M e Gallo, avocat de plusieurs membres de la famille des victimes. “Mais comment avez-vous eu cette certitude ? Quelle est votre méthode ? Vous aviez des preuves ou vous l’avez condamné à cause d’une rumeur ?” a questionné l’avocat.
“Dans nos quartiers, tout se sait… Il s’en vantait… En plus, des policiers de la Police judiciaire me l’avaient dit quand j’ai été convoqué au commissariat. Ils m’ont donné des noms, et ces noms ont été corroborés par d’autres personnes ensuite.”
Qui ? Malgré les interrogations de M es Gallo et Balestas, lui aussi partie civile, Hamdi Khadraoui a refusé de s’expliquer plus avant en l’état. Mais il a réitéré ses aveux. “Qu’il y ait eu d’autres morts, je le déplore. Moi j’y suis allé pour me venger de Christophe Morival et je lui ai tiré dessus. Je voulais me faire justice et j’y étais avec des gens qui avaient peut-être leurs raisons.”
“Toutes ces affaires ont commencé par un acquittement”
L’avocat général Jean-Paul Gandolière a déploré ses propos et demandé à l’accusé pourquoi il n’était pas allé voir le juge d’instruction chargé de l’affaire pour dénoncer les faits. “Soyons sérieux ! On ne parle par d’un petit vol, là. Ça n’aurait rien changé que j’aille voir la justice. Je commence à la connaître et j’avais un sentiment d’injustice. Toutes ces affaires ont commencé par un acquittement général à Grenoble… Et derrière, chacun a fait sa vengeance.”
La spirale de la vengeance, c’est bien ce que la justice et cette cour d’assises, grâce à ses débats et le verdict qui sera rendu la semaine prochaine, essaieront d’enrayer.
http://www.ledauphine.com/isere-sud/2012/03/12/premier-coup-de-theatre

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