En 2009, et depuis plus d’un an alors, ce jeune intérimaire de Saint-Loup-sur-Semouse était le petit ami deLaura Juif, une animatrice de centre aéré de Luxeuil. Ils s’étaient rencontrés en boîte, comme des jeunes de leur âge.
Peu de temps après le début de leur relation, Laura avait pris un appartement, qui était devenu aussi un peu celui de Mohamed quand il ne dormait pas chez ses parents. Il avait un jeu de clés. Ensemble, dit-il, ils vivaient des « moments de bonheur » et des « moments difficiles ». Difficiles, notamment lorsque la jeune femme « (lui) reprochait de ne pas assez (s’)occuper d’elle, de passer du temps avec (ses) potes, de parler avec beaucoup de filles… ». Ça, Mohamed revendique même carrément un statut de tombeur : « Je l’aimais cette fille ; mais j’avais des relations avec d’autres, il y en a beaucoup mais je ne connais pas leur nom… ». « Charmeur, doux comme un agneau au début, puis un être violent », jauge le gendarme directeur d’enquête.
Lundi matin, au premier jour du procès en assises de Vesoul où il est renvoyé pour meurtre, Mohamed Moussati n’a jamais parlé de « Laura » mais toujours de « Mademoiselle Laura Juif ».
« Avec toutes les preuves que vous avez pour m’innocenter, je veux la liberté que vous m’avez volée. »
Une certaine distance entre eux deux que l’on retrouve au fil des premières déclarations de témoins, à propos de la relation du couple, décrite surtout à travers des disputes. « On s’est battus comme dans tous les couples mais c’est resté que verbal », précise l’accusé.D’après les dires d’une de ses copines, Laura voulait rompre ce mois de mai 2009 mais ne savait pas comment s’y prendre. « Sans doute la peur de représailles », estime la jeune témoin, avec qui Laura passa la soirée en boîte à Vesoul ce samedi soir précédant le crime. Laura déposa son amie luxovienne chez elle « vers 5 h, 5 h 30 ».
De son côté, Mohamed est sorti aussi ce soir-là, avec deux copains de Saint-Loup. Il en raccompagne un « vers 2 h », l’autre, « vers 4 h » après un « passage éclair vers 3 h » chez Laura, qui n’était donc pas là. Mohamed dit ensuite être rentré dormir chez ses parents.
Laura Juif sera retrouvée morte par les pompiers, dans son appartement du 9 rue Lafayette à Luxeuil, alors qu’ils venaient y maîtriser un incendie. Le corps de la victime, dénudé, portait des traces de coups de couteau, dont deux au cou qui ont été très vite mortels, a décrit hier le médecin-légiste. Le feu a quant à lui été allumé en deux endroits du logement.
Pour l’heure, l’absence d’alibi et des contradictions pèsent sur Mohamed Moussati. Mais « des preuves formelles et scientifiques, on n’en a pas », reconnaît le directeur d’enquête.
« Je n’ai rien à me reprocher. Quelqu’un voulait me faire porter le chapeau. Le coupable court toujours dans la nature », répétera plus ou moins sèchement l’accusé, « avec toutes les preuves que vous avez pour m’innocenter, je veux la liberté que vous m’avez volée ».
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/04/17/l-accuse-nie-les-faits
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