mercredi 30 mai 2012

Affaire Le Couviour. Me Dupond-Moretti affole le procès

Au cinquième jour, les positions n’ont pas évolué sur les faits, mais l’arrivée du médiatique avocat lillois provoque des tensions dans les débats.
« Vous servez à quoi ? Vos expertises ne nous éclairent pas beaucoup. La psychologie, c’est une science ou un art ? » Hier, Me Éric Dupond-Moretti a d’emblée marqué son arrivée, pour la seconde semaine du procès Le Couviour devant la cour d’assises du Morbihan, à Vannes.
Les quatre accusés du meurtre d’Annette, seconde épouse du riche entrepreneur Eugène Le Couviour, sont restés sur leur thèse du cambriolage qui a mal tourné. Mais le climat s’est particulièrement tendu entre les avocats, sur fond d’argent et d’héritage.
Dans un style direct, souvent inquisiteur, celui que l’on surnomme « Acquittator » s’est posé en poil à gratter des débats. Défenseur des enfants nés du premier mariage de la victime, il a mis presque systématiquement en cause la parole des psychologues et psychiatres ayant examiné les quatre accusés. Il s’est engouffré avec impatience dans leurs divergences d’appréciations.
Pour l’avocat lillois, il s’agit bien d’un assassinat et non d’un cambriolage qui a mal tourné, comme les accusés l’ont affirmé aux experts. « Vous avez des instruments pour mesurer la sincérité de ceux que vous interrogez ? », a-t-il rétorqué.
Le président hausse le ton
Ils ont, pour deux d’entre eux, baillonné si fort la victime qu’elle en est morte étouffée. Les deux autres, la bru Josiane Le Couviour et son ex-jardinier, ont commandité ce « cambriolage ». « Comment pouvez-vous parler d’un cambriolage alors qu’un des accusés vous a lui-même évoqué une commande d’assassinat ? »
Si les experts ont encaissé sans broncher, les avocats des accusés ont réagi. Surtout quand ils ont été pris directement à partie par leur adversaire. Ils ont alors parlé de « provocation », « d’esbrouffe ». Me Le Roux, défenseur de Josiane Le Couviour, a vertement rappelé « qu’eux étaient là depuis une semaine, depuis le début du procès ».
Les échanges sont devenus violents quand ont été évoquées les relations d’Eugène Le Couviour avec ses beaux-enfants ou encore son amitié avec Christian Bonnet, ancien ministre de l’Intérieur. Au point que le président de la cour, Philippe Roux, a dû vivement hausser le ton pour recadrer les débats et « demander une audience sereine ».
À un moment, devant les pleurs de la fille de la victime - sa cliente - pressée de questions par les avocats des accusés, Me Dupond-Moretti a voulu saisir le bâtonnier ! Et ça risque d’aller crescendo jusqu’au verdict, prévu samedi.

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