Nora et Alberto aiment beaucoup l'artisanat marocain. Et le couple souhaitait avant tout rapporter des pièces artisanales, pour décorer sa maison. Pourtant, ce n'est pas pour de l'importation massive de fine marqueterie, de ravissantes appliques en fer forgé ou encore de confortables poufs en cuir, qu'ils ont été arrêtés le 12 avril à l'aéroport de Marignane, dès leur descente d'avion, de retour de Fes.
Non, les douaniers ont immédiatement suspecté le transport d'une marchandise autrement plus interdite. Il faut dire qu'Alberto avait l'air un peu nerveux. Peut-être aussi avait-il mauvaise mine. Après examen médical, puis radiographies, il s'est avéré qu'Alberto Hurtado avait dans l'abdomen près d'un kilo de cannabis, sous forme de 99 olives bien délicatement conditionnées et emballées. Puis avalées. Nora Louail, elle, transportait plus ou moins de la même manière, une seule olive de 45 grammes.
La juge Marie-Dominique Fort se permet une question : "Et vous comptiez en faire quoi ?"Alberto explique que c'est surtout pour sa consommation personnelle, et qu'il voulait en revendre une moitié aussi. Aidé d'une interprète, depuis le box des détenus, il explique à la juge que le couple comptait passer quelques jours dans la région marseillaise puis regagner l'Espagne où ils vivent ensemble.
Le couple avait donc le projet, pour pouvoir rester sereinement en France quelques jours, de rincer les olives à l'eau de javel après les avoir... éjectées, pour les réingérer avant le départ pour l'Espagne. Alberto va préciser spontanément qu'il avait réalisé une opération similaire à Noël dernier, en revenant du Maroc après ingestion de 45 grammes de cannabis.
Quant à Nora, elle répète qu'elle ignorait qu'Alberto avait toute cette marchandise, et qu'elle ne comptait faire de mal à personne, en rapportant un peu de cannabis qu'elle comptait, dit-elle, offrir à des amis. La présidente fait observer : "Madame, vous savez tout de même que c'est interdit..." La jeune femme baisse la tête, son compagnon ose alors : "Je voudrais présenter mes excuses à la République française". Le tribunal sourit, l'argument n'est pas courant.
C'est ensuite le représentant de l'administration douanière, qui vient réclamer une amende de 1 900 euros pour Alberto, et 300 pour son amie. Avant que le procureur Madeleine Pozzo ne prenne la parole pour rappeler comment les douaniers avaient eu "du flair", et intercepté le couple qui venait de poser le pied à Marignane. Elle rappelle aussi qu'ils ont effectué quatre à cinq courts séjours au Maroc, en deux ans : "On cherche à nous égarer, mais les faits sont là".
Elle requiert ensuite 12 mois d'emprisonnement, avec maintien en détention, et une amende de 3 000 €, contre Alberto Hurtado Urbano, et une peine de 6 mois avec 1 000 € d'amende contre Nora.
En préambule de sa plaidoirie, Me Arié Goueta brosse un rapide portrait de ses clients : "Des gens insérés, lui travaille et n'a jamais eu le moindre problème avec la justice. La jeune femme est dans la même situation, et ce sont tout sauf des professionnels, ni des trafiquants : ils ne sont pas informés de ce que fait l'autre. Sont-ce des trafiquants chevronnés, qui lavent les boulettes à la javel pour les ravaler ensuite ?"
Pour la défense, "c'est le manque d'entraînement qui fait qu'ils seront interpellés". Les deux prévenus seront condamnés. Le tribunal suivra les réquisitions du procureur
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/aix-arrete-a-laeroport-avec-un-kilo-de-cannabis-dans-le-corps
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