« Gentil », « pas violent ». Les deux qualificatifs reviennent souvent dans les portraits sommaires dressés par les parents ou les compagnes successives d’Anthony Cerf. Y compris Pascaline, la mère du petit Kenzo, qu’il est accusé d’avoir secoué le 5 septembre 2008 à Saulxures-lès-Nancy. Hospitalisé le jour même au CHU de Brabois, le nourrisson de 5 mois et demi est mort 6 jours plus tard. La cour présidée par Marie-Cécile Thouzeau examine depuis hier ces « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, sur mineur de 15 ans par personne ayant autorité ». C’est pour le moment sur la maturité de l’accusé âgé de 25 ans aujourd’hui, et beau-père de l’enfant à l’époque des faits, que l’on s’interroge.
Anthony Cerf confirme à la barre avoir été « dépassé ». Ce jour-là il prend une douche chez sa belle-mère où il rejoint souvent Pascaline avec laquelle il sort, mais ne vit pas. La jeune femme est partie voir une amie. Kenzo pleure. « Voyant que le bébé ne se calmait pas, il l’a pris dans ses bras », raconte un policier nancéien de la brigade des mineurs chargé de l’enquête. « Il ne voulait pas tuer l’enfant […] simplement lui faire peur pour qu’il comprenne » qu’il était énervé. L’accusé sort le bébé de son cosy et le secoue. « Combien de fois ? », voudraient savoir Mes Armelle Paraux et Patrice Buisson sur les bancs de la partie civile. C’est impossible à dire selon le Dr Letacon, pédiatre et réanimateur qui a examiné l’enfant dans « un état moribond ». Il indique en revanche avoir eu affaire à « un cas d’école » avec « des lésions neurologiques majeures » synonymes de « l’extrême violence du secouement » lui-même appliqué en réaction aux pleurs, explique le médecin confronté à de nombreux cas moins tragiques. Anthony a rapidement pris conscience de la gravité de son geste et a appelé Pascaline en larmes. Comme un immature qu’il semble être. Un élément de personnalité utile à la défense de Me Wilfrid Fournier dont le client n’a finalement jamais appris à se débrouiller seul.
Déscolarisé à 17 ans il sait difficilement lire, mais toujours pas écrire. « Vous vivez de quoi ? », interroge la présidente. « Mes parents », répond Anthony. Il a donné quelques coups de main dans le garage de son père, sa mère assure tous ses besoins administratifs, quant à lui il achète et revend quelques voitures.
Sa vie sentimentale est une répétition d’un même scénario. Sa rencontre avec Pascaline ressemble à celle de Virginie, la mère de son premier enfant, un fils qu’il voit une fois par mois, mais dont il a oublié la date de naissance. Elle a fini par rompre. « Marre de le voir ne rien faire », sauf la fête avec les copains.
Père d’un bébé depuis deux mois et demi avec une nouvelle compagne chez laquelle il va, Anthony s’occupe « rarement » de son nouveau bébé. Rarement de son avenir aussi. Radié de Pôle emploi il se laisse porter par la vie, désœuvré et incapable de se glisser dans le quotidien d’un adulte
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/05/16/des-pleurs-a-la-mort
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