mardi 1 mai 2012

L’affaire Dalmasso dans une impasse judiciaire

L’homme d’affaires Cannois aurait été tué lors d’une dispute à Nice. Sa fille est innocentée et l’accusé en fuite. La famille de Christophe Dalmasso veut la vérité
L’affaire Dalmasso, du nom de ce jeune businessman cannois assassiné en 2003, a-t-elle – après 8 ans d’instruction – accouché d’une souris judiciaire ?

En tout cas, ce dossier interminable ponctué de rebondissements est bien parti pour être examiné aux assises des Alpes-Maritimes avec un box vide ! Personne à la barre.

En effet, l’affaire s’est réduite comme peau de chagrin et devrait être jugée dans une ambiance surréaliste l’année prochaine. Celui qui est désormais l’unique accusé ne sera, sauf énorme surprise, pas là. Libéré après 4 ans de détention provisoire à l’issue du premier procès interrompu et renvoyé en 2009, ce danseur de Capoeira brésilien, Edno Borba da Silva, est retourné dans son pays, malgré son contrôle judiciaire. D’abord accusé d’assassinat, il est désormais renvoyé pour « coups mortels ».

Surnommé « Marecco », il était locataire au Château Beaulieu, un immeuble cossu du centre-ville de Nice, de son ami Christophe Dalmasso, un amoureux du Brésil. Mais il était aussi l’amoureux de Lucie, adoptée par ce dernier alors qu’elle avait 5 ans, lorsque, lui-même, à 18 ans, s’était marié avec sa mère plus âgée. En conflit avec sa fille, Dalmasso voulait la déshériter après l’avoir « reniée ».

Deux fois soupçonnée, deux fois blanchie

Deux fois soupçonnée d’être l’instigatrice, accusée par Borba Da Silva, incarcérée en 2005, la jolie jeune femme a été blanchie définitivement le 30 juin dernier. Au grand dam de sa grand-mère, Renée Dalmasso, qui a lancé une ultime et désespérée contre-offensive de forme, un pourvoi en cassation.

Dernier épisode en date, Me Jean-François Gonzales, a obtenu en octobre dernier la mise en liberté de son client, Wissem Kraiem, le dernier protagoniste de l’affaire encore détenu. Écroué depuis août 2009, mis en examen pour complicité de meurtre, ce Tunisien de 30 ans, est renvoyé aux assises. Mais plus pour la complicité de meurtre. Il répondra de deux délits connexes, le recel de cadavre de Christophe Dalmasso et de l’incendie de sa voiture. Il a aidé « Marecco » à transporter dans des sacs le corps de Christophe Dalmasso qui a été jeté dans un ravin. Il risque tout au plus quelques mois de prison qui seront couverts par sa détention provisoire.
Deux autres « sous-fifres », Krystian Amartys, un Polonais de 28 ans, et Alexandre Nouschi, 26 ans, sont également renvoyés à ses côtés pour l’incendie de la voiture.

Le grand écart judiciaire

Pour la justice qui a fait le grand écart, la thèse d’un assassinat dont Lucie serait l’instigatrice ne tient plus. On est passé d’un guet-apens commandité par une jeune femme voulant tuer son père pour l’empêcher de la déshériter en une vulgaire affaire de bagarre pour une salle de capoeira…

Christophe Dalmasso serait mort lors d’une dispute avec Marecco. Ce dernier projetait de transformer l’appartement en salle de capoeira mais Dalmasso ne voulait pas et envisageait même de résilier le bail du Brésilien pour le remettre en état et le louer à quelqu’un d’autre.

Cette version est une « fable » pour Renée Dalmasso, qui n’a de cesse de chercher la vérité. Levée à 5 heures chaque jour, cette mère courage passe six heures à traquer dans le dossier le moindre élément susceptible de relancer l’enquête. « C’est ma thérapie », souffle-t-elle en n’hésitant pas à comparer cette affaire à celle d’Outreau. « J’ai le droit de penser ce que je veux du rôle de Lucie et je compte sur le pourvoi pour faire annuler ce non-lieu », assène la retraitée de 70 ans qui a perdu son mari il y a deux ans. Elle a même créé un site Internet dédié à l’affaire*.

L’un de ses avocats, Me Bernard Sivan « ne désespère pas de voir le pourvoi aboutir, ni de voir éclater la vérité lors du procès ».

L’avocate de Lucie, la tonitruante Me Sylvie Noachovitch, se dit « sereine » : « J’ai toujours su que ma cliente était innocente ». « Ma cliente, brisée à vie par cette histoire, ne comprend pas pourquoi on continue à l’accuser. Elle sera sur le banc de la partie civile et je serai à ses côtés », annonce l’avocate parisienne.

Me Philippe Soussi qui défend Borba da Silva parle « d’une impasse judiciaire » au sujet de ce dossier. « Aujourd’hui, je ne sais même pas ce qu’on peut lui reprocher, tous les autres protagonistes ont bénéficié du doute ou d’une requalification des faits. J’entends bien qu’il lui profite à lui aussi. »

www.qui-a-tue-mon-fils.com
 
 

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