L’homme d’affaires Cannois aurait été tué lors d’une dispute à Nice. Sa fille est innocentée et l’accusé en fuite. La famille de Christophe Dalmasso veut la vérité
L’affaire Dalmasso, du nom de ce jeune businessman cannois assassiné  en 2003, a-t-elle – après 8 ans d’instruction – accouché d’une souris  judiciaire ?
 En tout cas, ce dossier interminable ponctué de rebondissements est bien  parti pour être examiné aux assises des Alpes-Maritimes avec un box  vide ! Personne à la barre.
 En effet, l’affaire s’est réduite comme peau de chagrin et devrait être  jugée dans une ambiance surréaliste l’année prochaine. Celui qui est  désormais l’unique accusé ne sera, sauf énorme surprise, pas là. Libéré  après 4 ans de détention provisoire à l’issue du premier procès  interrompu et renvoyé en 2009, ce danseur de Capoeira brésilien, Edno  Borba da Silva, est retourné dans son pays, malgré son contrôle  judiciaire. D’abord accusé d’assassinat, il est désormais renvoyé pour «  coups mortels ».
 Surnommé « Marecco », il était locataire au Château Beaulieu, un  immeuble cossu du centre-ville de Nice, de son ami Christophe Dalmasso,  un amoureux du Brésil. Mais il était aussi l’amoureux de Lucie, adoptée  par ce dernier alors qu’elle avait 5 ans, lorsque, lui-même, à 18 ans,  s’était marié avec sa mère plus âgée. En conflit avec sa fille, Dalmasso  voulait la déshériter après l’avoir « reniée ».
 Deux fois soupçonnée, deux fois blanchie 
 
Deux fois soupçonnée d’être l’instigatrice, accusée par Borba Da Silva,  incarcérée en 2005, la jolie jeune femme a été blanchie définitivement  le 30 juin dernier. Au grand dam de sa grand-mère, Renée Dalmasso, qui a  lancé une ultime et désespérée contre-offensive de forme, un pourvoi en  cassation.
 Dernier épisode en date, Me Jean-François Gonzales, a obtenu en octobre  dernier la mise en liberté de son client, Wissem Kraiem, le dernier  protagoniste de l’affaire encore détenu. Écroué depuis août 2009, mis en  examen pour complicité de meurtre, ce Tunisien de 30 ans, est renvoyé  aux assises. Mais plus pour la complicité de meurtre. Il répondra de  deux délits connexes, le recel de cadavre de Christophe Dalmasso et de  l’incendie de sa voiture. Il a aidé « Marecco » à transporter dans des  sacs le corps de Christophe Dalmasso qui a été jeté dans un ravin. Il  risque tout au plus quelques mois de prison qui seront couverts par sa  détention provisoire.
 Deux autres « sous-fifres », Krystian Amartys, un Polonais de  28 ans, et Alexandre Nouschi, 26 ans, sont également renvoyés à ses côtés pour l’incendie de la voiture.
 Le grand écart judiciaire
 
Pour la justice qui a fait le grand écart, la thèse d’un assassinat dont  Lucie serait l’instigatrice  ne tient plus. On est passé d’un  guet-apens commandité par une jeune femme voulant tuer son père pour  l’empêcher de la déshériter en une vulgaire affaire de bagarre pour une  salle de capoeira…
 Christophe Dalmasso serait mort lors d’une dispute avec Marecco. Ce  dernier projetait de transformer l’appartement en salle de capoeira mais  Dalmasso ne voulait pas et envisageait même de résilier le bail du  Brésilien pour le remettre en état et le louer à quelqu’un d’autre.
 Cette version est une « fable » pour Renée Dalmasso, qui n’a de cesse de  chercher la vérité. Levée à 5 heures chaque jour, cette mère courage  passe six heures à traquer dans le dossier le moindre élément  susceptible de relancer l’enquête. « C’est ma thérapie », souffle-t-elle  en n’hésitant pas à comparer cette affaire à celle d’Outreau. « J’ai le  droit de penser ce que je veux du rôle de Lucie et je compte sur le  pourvoi pour faire annuler ce non-lieu », assène la retraitée de 70 ans  qui a perdu son mari il y a deux ans. Elle a même créé un site Internet  dédié à l’affaire*.
 L’un de ses avocats, Me Bernard Sivan « ne désespère pas de voir le  pourvoi aboutir, ni de voir éclater la vérité lors du procès ».
 
L’avocate de Lucie, la tonitruante Me Sylvie Noachovitch, se dit «  sereine » : « J’ai toujours su que ma cliente était innocente ». « Ma  cliente, brisée à vie par cette histoire, ne comprend pas pourquoi on  continue à l’accuser. Elle sera sur le banc de la partie civile et je  serai à ses côtés », annonce l’avocate parisienne.
 Me Philippe Soussi qui défend Borba da Silva parle « d’une impasse  judiciaire » au sujet de ce dossier. « Aujourd’hui, je ne sais même pas  ce qu’on peut lui reprocher, tous les autres protagonistes ont bénéficié  du doute ou d’une requalification des faits. J’entends bien qu’il lui  profite à lui aussi. »
 
 www.qui-a-tue-mon-fils.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire