C'est aujourd'hui que le tribunal
correctionnel de Paris décidera si Adlène
Hicheur, un physicien franco-algérien détaché au Cern de Genève, doit ou non
être condamné pour terrorisme. L'homme
est accusé d'avoir échangé des mails équivoques, dont certains évoquant de
possibles attentats, avec un responsable présumé d'Aqmi. Le physicien qui ne
conteste pas les faits a fait "amende honorable" lors de son procès et
mis ces mails malheureux sur son état de santé défaillant à l'époque.
Le 8 octobre 2009, Adlène Hicheur avait été
interpellé chez ses parents à Vienne, dans l'Isère, mis en examen et écroué pour
"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
L'accusation repose sur 35 messages électroniques échangés entre le chercheur et
un certain Mustapha Debchi, responsable supposé d'Al-Qaïda
au Maghreb islamique (Aqmi). Il avait notamment écrit
être prêt à proposer des objectifs "en Europe et notamment en France".
Dix jours plus tard, il avait été plus loin et avait évoqué "un pur objectif
militaire", la base aérienne de Cran-Gévrier, qui forme des soldats pour
partir en Afghanistan.
"Martyr" ou "conseiller" ?
"Je ne conteste pas le fait que je sois passé par une phase
de turbulences, j'ai fait amende honorable, je ne peux rien dire de plus",
s'était défendu lors de son procès les 29 et 20 mars le docteur en physique des
particules de 35 ans. Des mails "tangents" mis sur le compte de son
"état de santé physique et psychologique" de l'époque, où il était en
arrêt-maladie pour une hernie discale. Lors de son procès, le prévenu avait
aussi épinglé à de multiples reprises des méthodes policières
"malhonnêtes" et les "inexactitudes" de l'enquête menée par
les juges antiterroristes. Au deuxième jour de son procès, le prévenu s'était
plaint qu'on veuille l'enfermer dans des qualificatifs du type "islamistes" ou
"jihadiste" (voir notre article : Hicheur : "je vais ressortir de ce procès
avec la ‘istite aiguë'").
Lors de son réquisitoire, le ministère public avait rétorqué
que le prévenu n'était pas "un martyr de la lutte antiterroriste" mais
bel et bien "un conseiller technique en attentats". Une semaine après
l'épilogue des tueries de Toulouse et Montauban, le procureur Guillaume
Portenseigne avait refusé tout amalgame et appelé le tribunal
correctionnel à "mettre de côté le dossier Merah". Il avait
engagé le tribunal à "se départir de ses préjugés: qu'un homme brillant ne
saurait tomber dans les bras du terrorisme". Le
parquet avait requis 6 ans de prison à son encontre.
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