vendredi 4 mai 2012

Terroriste ou pas terroriste : Hicheur fixé sur son sort aujourd'hui

C'est aujourd'hui que le tribunal correctionnel de Paris décidera si Adlène Hicheur, un physicien franco-algérien détaché au Cern de Genève, doit ou non être condamné pour terrorisme. L'homme est accusé d'avoir échangé des mails équivoques, dont certains évoquant de possibles attentats, avec un responsable présumé d'Aqmi. Le physicien qui ne conteste pas les faits a fait "amende honorable" lors de son procès et mis ces mails malheureux sur son état de santé défaillant à l'époque.
Le 8 octobre 2009, Adlène Hicheur avait été interpellé chez ses parents à Vienne, dans l'Isère, mis en examen et écroué pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste". L'accusation repose sur 35 messages électroniques échangés entre le chercheur et un certain Mustapha Debchi, responsable supposé d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Il avait notamment écrit être prêt à proposer des objectifs "en Europe et notamment en France". Dix jours plus tard, il avait été plus loin et avait évoqué "un pur objectif militaire", la base aérienne de Cran-Gévrier, qui forme des soldats pour partir en Afghanistan.

"Martyr" ou "conseiller" ?
"Je ne conteste pas le fait que je sois passé par une phase de turbulences, j'ai fait amende honorable, je ne peux rien dire de plus", s'était défendu lors de son procès les 29 et 20 mars le docteur en physique des particules de 35 ans. Des mails "tangents" mis sur le compte de son "état de santé physique et psychologique" de l'époque, où il était en arrêt-maladie pour une hernie discale. Lors de son procès, le prévenu avait aussi épinglé à de multiples reprises des méthodes policières "malhonnêtes" et les "inexactitudes" de l'enquête menée par les juges antiterroristes. Au deuxième jour de son procès, le prévenu s'était plaint qu'on veuille l'enfermer dans des qualificatifs du type "islamistes" ou "jihadiste" (voir notre article : Hicheur : "je vais ressortir de ce procès avec la ‘istite aiguë'").
Lors de son réquisitoire, le ministère public avait rétorqué que le prévenu n'était pas "un martyr de la lutte antiterroriste" mais bel et bien "un conseiller technique en attentats". Une semaine après l'épilogue des tueries de Toulouse et Montauban, le procureur Guillaume Portenseigne avait refusé tout amalgame et appelé le tribunal correctionnel à "mettre de côté le dossier Merah". Il avait engagé le tribunal à "se départir de ses préjugés: qu'un homme brillant ne saurait tomber dans les bras du terrorisme". Le parquet avait requis 6 ans de prison à son encontre.

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