samedi 30 juin 2012

Ils n’auront pas tout dit sur l’affaire Dewulf

Ils ont tué un octogénaire dans l’Aisne en 2004 : 30 ans de prison pour Adjas, 15 ans de réclusion pour Sampaïo.

L’un a continué à nier, l’autre à minimiser son implication. Mais la stratégie de défense d’Ali Adjas, 54 ans, et de José Sampaïo, 41 ans, n’était toujours pas la bonne lors de leur procès en appel.

Ces deux-là ont participé à un meurtre affreux le 5 septembre 2004 à Froidestrées (Aisne), les jurés les ont condamnés en conséquence hier : 30 ans de réclusion criminelle pour Adjas, reconnu comme celui ayant tué Joseph Dewulf, 80 ans, et 15 ans de prison pour Sampaïo, considéré comme un suiveur, qui, a minima, n’a rien fait pour empêcher le crime. Leur peine est assortie d’une période de sûreté des deux tiers.

Pour les fils, la fille, et le frère de la victime assis sur le banc des parties civiles, c’est un soulagement. La peine est la même que celle prononcée l’an dernier à Laon pour Adjas, aggravée de trois ans de prison pour Sampaïo.

Et ce nouveau procès leur a permis d’avancer un peu plus vers la vérité. Même si tout n’a pas été dit. Leur avocate, Me Zineb Abdellatif, s’est battue pour que Sampaïo se mette à table, raconte précisément ce qui s’est passé. Poussé aussi par son avocat Me Cyrille Bouchaillou, il a fini par craquer. On ne saura jamais s’il a dit toute la vérité, mais il a en tout cas donné une version qui collait aux constatations.

Avec Adjas, ils s’étaient fait une spécialité des attaques de personnes âgées et seules, en Thiérache. Ce soir-là, ils sont entrés par effraction chez Joseph Dewulf, l’ont surpris dans sa chambre. Ils l’ont maîtrisé, s’assurant qu’il ne disposait pas d’un système d’alerte médicale.

Puis la victime a été violentée pour qu’elle dise où elle cachait ses pièces d’or. Elle a été traînée dehors jusqu’à son garage. Les malfaiteurs se sont approchés de son magot, 125 pièces d’or cachées derrière deux briques dans le cellier.

Mais le vieil homme n’a pas parlé. Il a été battu à mort, achevé par un coup au visage avec un objet contendant, un tournevis ou un poing américain agrémenté d’un clou de 7 cm.

La surprenante révélation d’Ali Ajdas

Il n’y avait pas de preuves formelles contre Adjas, mais un faisceau d’indices. Et l’accusé a fait une erreur jeudi soir.

Pour la première fois, il a indiqué que s’il savait, dès le lendemain des faits qu’un crime avait été commis à Froidestrées, alors que tout le monde parlait d’un suicide, c’est parce que c’était Sampaïo l’auteur, et qu’il lui avait confié le secret. Une révélation qui ne tient pas sachant que depuis 5 ans, Sampaïo l’accuse !

Mes Guillaumes Combes et Djamila Berriah, les avocats d’Adjas, ont redoublé d’efforts pour enfoncer Sampaïo, découdre son étiquette de suiveur et de victime et recoudre celle de menteur à long terme pour en faire un possible meurtrier.

Mais le profil des deux hommes aura convaincu les jurés : ils ont condamné Adjas, le meneur brutal à une peine deux fois supérieure à Sampaïo, le faible apeuré, prêt à se laisser embarquer dans les crimes les plus lâches.

Dix attaques de personnes âgées leur ont été imputées entre 2004 et 2006 dans l’Aisne (ils ont été condamnés pour quatre d’entre elles). L’atroce et insoutenable visage de la victime après le passage à tabac ne les avait pas convaincus de cesser.

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