jeudi 14 juin 2012

Infanticide / L'accusée murée dans le silence

Angélique Millot est jugée pour le meurtre de son bébé à La Capelle en 2009. Le verdict sera rendu aujourd'hui.

C'EST long, un silence. Surtout devant une cour d'assises, quand la mort d'un être doit être racontée. Accusée du meurtre de son bébé à La Capelle en mai 2009, Angélique Millot, âgée de 26 ans, ne prononce aucun mot. Ses traits sont tendus comme une toile qui va se déchirer. Debout, immobile, elle reste figée comme une statue. Pas une œuvre d'art adulée, juste une figurine transie dans une vitrine fermée. Isabelle Seurin, la présidente, tente de l'ouvrir. « On ne peut pas vous juger si vous ne dites pas les choses. » L'invitation reste sans réponse.
Avant le verdict prévu aujourd'hui, il y a cette découverte effarante de la vie d'une jeune fille en Thiérache. Un voyage dans les années soixante, le récit d'un isolement volontaire.
Sollicitée par des entraîneurs prestigieux pour s'occuper de chevaux loin de chez elle, elle refuse. L'élève de la maison familiale rurale Beauregard à Clairefontaine avance : « La peur de l'inconnu, peut-être ».


Un comportement incompréhensible
Sa sexualité reste mystérieuse, avec des rapports non protégés. À ses amants, Angélique Millot indique qu'elle suit une contraception mais il n'en est rien. Un comportement toujours inexpliqué. D'autant plus qu'elle peut bénéficier de la couverture médicale universelle mais elle n'effectue aucune démarche dans ce sens.
« Sur le plan personnel, elle n'arrive pas à se prendre en charge », avance son avocate, Me Carlier-Brame.
À la suite d'une rencontre d'un soir dans un bar, l'accusée effectue des tests de grossesse. Ils sont positifs. Angélique Millot cache son état, porte des vêtements amples et consomme des produits amaigrissants. « Je ne savais pas comment dire à mon copain que j'étais enceinte mais pas de lui », dit-elle aux enquêteurs.


Son premier amour, devenu maçon, l'a quittée. Elle ne veut plus souffrir, subir un rejet, comme celui de ses parents. Ils l'ont abandonnée.
Son corps se transforme. Elle fait croire qu'elle mange davantage. Elle met seule au monde une fille dans l'appartement de son ami, le 25 mai 2009, à 13 h 30, à La Capelle. Elle refuse de la regarder.
Un gendarme garde présent à l'esprit la scène qui va suivre. « Dans un moment de panique, elle décide de se débarrasser du bébé. Elle le laisse tomber dans trois sacs poubelles qu'elle referme. Elle a fait des nœuds. » De petits cris résonnent. C'est une vie toute neuve qui s'exprime.


Surprise, elle lâche l'emballage. Angélique Millot prend une douche pendant une vingtaine de minutes. Quand elle revient, le silence règne. Le corps inerte de la victime est placé dans un sac à dos.
La mère se rend à pied à son domicile, rue du Presbytère, distant de quatre cents mètres, avec ce chargement. Elle l'abandonne dans le salon.
« Elle a dit qu'elle ne le considérait pas comme son enfant et qu'elle n'avait aucun sentiment pour lui », ajoute le militaire. Dans un souffle, Angélique Millot répond : « Je regrette ce qui s'est passé. »
http://www.lunion.presse.fr/article/aisne/assises-infanticide-laccusee-muree-dans-le-silence

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