mercredi 27 juin 2012

Jusqu’à cinq ans et demi de prison pour un trafic d’héroïne sur le bassin du Puy

Dans le procès de trafic de stupéfiants jugé hier, il plane l’ombre de l’affaire dite des « 80 kg d’Espaly ». Celle où Samir et Mouloud Akachar avaient été condamnés en première instance, en juillet 2010, à neuf et sept ans de prison ferme.
Dans le procès qui intéressait le tribunal hier, Yoann Santiago est présenté comme celui qui a pris la relève, ou peut-être mieux encore : assure-t-il l’intérim en recevant les directives de ceux qui se trouvent toujours derrière les barreaux ? « Ce sont des rumeurs », se défend le jeune homme de 26 ans, déjà condamné dans le fameux procès de l’été 2010 à trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis.
Tout démarre par des investigations de la gendarmerie suite à une série de vols de motos (essentiellement des modèles d’enduro) dans des résidences, mais également dans des commerces. Les écoutes téléphoniques mises en place permettent aux enquêteurs de soulever un autre lièvre : un trafic d’héroïne où les protagonistes utilisent des mots clefs pour passer commande ou se donner rendez-vous. Au bout du fil, on ne parle pas de drogue, mais plus de tee-shirts ou de dvd. C’est ce volet qui intéressait la justice, hier. Trois jeunes hommes de 25-26 ans comparaissaient. Yoann Santiago. Décrit comme celui qui fournissait la meilleure héroïne sur la place du Puy, on le dit méfiant. « Comme il manque d’héroïne en ville, et qu’il ne veut pas toucher au trésor de ses prédécesseurs, il doit « s’arracher » pour en trouver », explique le procureur René Pagis. Surveillé sans cesse, il est interpellé à Villefranche-sur-Saône, au retour d’un voyage en Hollande. À l’intérieur du véhicule de location, les douaniers ne découvrent pas de drogue, mais 4 000 euros enveloppés dans un film cellophane et dissimulés dans une serviette. Pour le ministère public, cette découverte indique que la transaction n’a pas pu se conclure aux Pays-Bas. « Pas du tout, on était parti pour faire la fête », rétorque le prévenu qui se classe dans le clan des simples consommateurs. À ses côtés, devant les juges, Anthony Maurin. Il reconnaît la vente totale de plus d’un kilo d’héroïne à une quinzaine de toxicomanes afin de financer sa propre consommation, et d’avoir fait le chauffeur pour le voyage en Hollande. Présenté comme le bras droit du premier, on le dit subir son autorité, se faisant malmener parfois verbalement, parfois physiquement.
Johan Beker, enfin. Si le jeune homme admet la vente pour un total de deux kilos d’héroïne afin de financer sa propre consommation, il se défend d’avoir fait des affaires avec le premier. Quel est son fournisseur, alors ? « Je ne veux pas en parler, j’ai peur des représailles. » En déclarant vouloir faire régner « une certaine insécurité dans le monde du trafic de stupéfiants en Haute-Loire », le ministère tape fort : des peines allant jusqu’à quatre ans de prison ferme sont requises. Le tribunal se montre encore plus sévère.
- Yoann Santiago est condamné à cinq ans de prison ferme, les magistrats y ajoutent la révocation d’un précédent sursis à hauteur de six mois. Actuellement incarcéré à la maison d’arrêt du Puy, son maintien en détention est ordonné.
- Anthony Maurin écope de quatre ans de prison dont dix-huit mois avec sursis, un précédent sursis est révoqué à hauteur de trois mois. La peine est assortie d’un mandat de dépôt à l’audience.
- Johan Becker est condamné à quatre ans de prison dont un an avec sursis, un précédent sursis est révoqué à hauteur de six mois. La peine est assortie d’un mandat de dépôt à l’audience.
À ces peines s’ajoutent 30 000 euros d’amendes douanières.

Les avocats font appel

Les avocats ont annoncé leur intention d’interjeter appel.
Durant les débats, ils ont dit : Marcel Schott (pour Johan Becker) : « Le dossier offre une version romancée de ces trafics où les protagonistes n’ont pas de liens entre eux. Ce sont trois affaires différentes réunies en une. »
Anne-Sophie Clauzier (pour Anthony Maurin) : « Durant de long mois d’écoutes téléphoniques et de surveillance, qu’a-t-on découvert chez mon client ? Rien ! »
Jacqueline Eymard-Navarro (pour Yoann Santiago) : « Coûte que coûte, on essaye de faire passer mon client pour la tête de la Ponote Connection. Ce dossier est truffé d’approximations, il n’y a aucun élément tangible. »

http://www.leprogres.fr/haute-loire/2012/06/27/jusqu-a-cinq-ans-et-demi-de-prison-pour-un-trafic-d-heroine-sur-le-bassin-du-puy

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