Les jurés de l'Oise jugent depuis hier Isabelle Lemaire et ses deux amants
pour la mort de Jean-Luc Lemaire. Chacun accuse l'autre.
«C'est pas moi c'est l'autre»: ce fut le tube de la journée aux assises de l'Oise, hier. Trois fois, on a entendu «non» quand le président Damulot a demandé aux accusés s'ils reconnaissaient les faits dont on les accuse.
Non, Frédéric Ricaux n'a pas roué de coups puis étranglé Jean-Luc Lemaire, le 9 novembre2008 à Attichy; non, Alain Lanternier n'a pas tu la scène et contribué à brûler la voiture du mort; et non, Isabelle Lemaire, maîtresse, entre autres, de ces deux-là, et femme du mort, n'a pas commandité ce crime.
Sauf coup de théâtre, ce procès sera jusqu'à vendredi soir une partie de patate chaude, chacun tentant de rejeter sur l'autre la responsabilité du meurtre. «Car au moins une chose est sûre: Jean-Luc Lemaire ne s'est pas suicidé», a tenu à rappeler, mi-ironique, mi-agacé, le président de la cour.
«Ni meurtrier, ni assassin»
Frédéric Ricaux est le principal accusé. «Je ne suis ni meurtrier, ni assassin » furent ses premiers mots hier. En2008, il pesait 130kg et ne travaillait plus depuis presque un an, après avoir multiplié les emplois d'éducateur pour la jeunesse. Actuellement, âgé de 34 ans, après trois ans et demi en détention, il ne dépasse pas les 90kg.
Sa barbiche est de la même couleur sombre que ses cheveux en brosse; tous deux font ressortir sa chemise blanche. Sa tête dans les épaules et son regard fuyant ne l'avantagent pas.
Il affirme avoir rencontré Isabelle sur un forum de rencontres par téléphone. «Au début, ses enfants étaient ses neveux et son mari un voisin», lâche-t-il, amer. Il comprend que le couple a quatre enfants, mais cela ne l'empêche pas de nouer une relation avec la femme et même de s'installer au domicile familial, d'abord à Guiscard, puis à Longueil-Annel.
La cinquième enfant du couple, née en juillet 2007, est de lui. «Je pense que Jean-Luc ne se doutait de rien», avance-t-il. Il ajoute: «J'attendais qu'Isabelle divorce. Malgré ça, j'appréciais Jean-Luc».
Isabelle affirme que Ricaux tapait sur les enfants, cognait sur le mari et avait même, un jour, tué le lapin domestique de la maison, d'un coup derrière la tête.
Son fils aîné, sur le banc des victimes, acquiesce. «C'est faux, se défend Frédéric Ricaux. Un manche à balai lui est tombé dessus par accident!» Le président Damulot grimace: «Dites, il était en fonte, votre balai?»
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Le-meurtre-comme-patate-chaude
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire