vendredi 29 juin 2012

Tué parce qu'il voulait empêcher un cambriolage

La cour d'assises de la Haute-Garonne juge depuis lundi quatre garçons de 24 et 26 ans accusés de trois braquages et un cambriolage où le propriétaire a été tué de six coups de couteau. C'était le 18 juillet 2009 à Colomiers, près de Toulouse.
Trois copains côte à côte dans le box de la cour d'assises de la Haute-Garonne. La tête souvent baissée, pas fiers. Loin du rap, des filles, des fêtes qui les réunissaient souvent, ils affrontent la justice pour trois braquages et le meurtre d'un homme de 50 ans. Quatre crimes commis en moins de 60 minutes, entre Toulouse et Colomiers, là où résidait la victime, au-dessus des usines d'Airbus en juillet 2009.
« Ce n'était ni un héros, ni un surhomme. Il était comme nous tous, Pascal Orvain. Ce qui lui est arrivé peut nous arriver à tous, ce soir, demain », lâche de sa voix chaude Me Georges Catala. Après quatre journées d'audience souvent difficiles, à cause de la chaleur mais surtout des excès verbaux de Jérémy Bagassien, quatrième accusé, meneur désigné et surtout roi de la provocation et de l'insulte, l'avocat toulousain a semé hier les premiers arguments contre ces quatre hommes.
Pas des voyous, plutôt de jeunes insouciants, honteux face à leurs juges, maladroits à l'heure d'expliquer leur fuite en avant. « Ils ont piétiné tous ceux qui se trouvaient devant eux ce soir-là. Et ils étaient tous d'accord », affirme Me Agnes Dufetel-Cordier, au nom d'un veilleur de nuit braqué par le quatuor. « Traumatisé, incapable de travailler, hanté par le sentiment de culpabilité du survivant », ajoute Me Céline Oustalet-Cortes, conseil d'un autre gardien d'hôtel rossé par la bande.
Après avoir beaucoup bu et récupéré le « cousin » descendu de Paris, les quatre accusés sont partis « à l'assaut ». « Ça devait être une soirée festive », s'excuse Cédric Zachelin, le « dénominateur commun » selon son avocat Me Laurent Boguet, le seul à connaître les accusés et la famille Orvain. « Je ne sais pas pourquoi nous sommes allés là-bas », se défend ce vendeur de meubles. « Elles ont tout perdu. Qu'est-ce qui leur reste ? L'exigence de vérité », clame Me Catala. Elles, ce sont l'épouse, Patrica Orvain dont la dignité a éclaboussé la cour mardi, et ses deux filles, Marion, qui connaissait Zachelin et Mathilde, qui a assisté à la mort de son père. Plus Jules, loin des débats mais qui a perdu son père douze jours après avoir fêté ses 9 ans.
Derrière Bagassien, embarqué dans un suicide judiciaire qui consiste à hurler et à nier, les certitudes scientifiques comme sa présence à Toulouse ce soir-là, Jérémie Desbarats et Samuel Raphael, montés « au contact » de la victime, et Cédric Zachelin, resté dans la voiture, hésitent sur leur rôle exact. « Un groupe dont le but était de faire de l'argent », estime le psychologue Alain Penin. Un expert toujours éclairant qui rappelle, en réponse à la question d'un juré : « Dire non, c'est le plus simple, pas le plus facile. »
Personne n'a dit non dans l'enchaînement des crimes et Me Catala ne fait pas de différence entre les accusés. « Bagassien en a fait une grande partie mais pas tout ! » L'avocat enfonce ses arguments comme des clous dans la mémoire des jurés : « Ce n'est pas un phénomène de groupe. C'est un choix » Les responsabilités sont listées, la condamnation sans peine, le réquisitoire est prévu ce matin, mais surtout sans circonstance atténuante : « Le Parisien voulaient se montrer digne et il surenchérissait. Et les trois autres ont suivi : par souci de paraître, pour de l'adrénaline bon marché, par mépris de l'autre et par lâcheté ! »
Réquisitoire et défense aujourd'hui. Verdict demain. Les quatre accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/06/29/1390177-colomiers-tue-parce-qu-il-voulait-empecher-un-cambriolage.html

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