jeudi 5 juillet 2012

Besançon : « Il s’est vu mort ! »

DÉTENU dans le cadre d’autres affaires, Adel Achbar, 23 ans, arrive dans le box des prévenus en arborant un t-shirt « Beau gosse inside ». L’affaire pour laquelle il comparaît n’a pourtant rien de folichon. Voilà trois ans, le 12 juin 2009, en compagnie d’un complice, il s’est présenté visage couvert et arme à la main au bureau de tabac du 75, rue Battant, à Besançon et, appuyant son pistolet sur la tempe du buraliste, lui a intimé l’ordre de lui remettre le contenu de sa caisse. Avant de repartir avec quelque 750 € de numéraire et de paquets de cigarettes.

« Il s’est vu mort ! »

Par chance, il portait des sortes de mitaines et avait laissé ses empreintes. Confondu, il refusera toujours de livrer l’identité de son complice, fera huit mois et demi de détention provisoire, frôlera les assises (les braquages relevant de la matière criminelle et lui faisant encourir sept ans de prison) mais, l’affaire ayant été correctionnalisée, le voici face au président Baud et à ses assesseurs.
Avocat de la partie civile, le bâtonnier Vanhoutte souligne le choc psychologique subi par le buraliste victime : « Sur le moment, il s’est vu mort ! Aujourd’hui, le prévenu nous dit qu’il s’agissait d’une arme factice – ce dont nous n’aurons d’ailleurs jamais la preuve – mais lorsqu’il a eu le pistolet sur la tempe, mon client a cru sa dernière heure arrivée. Il a dû se mettre sous antidépresseurs et, aujourd’hui encore, il subit les séquelles de ce traumatisme. »
Rappelant qu’en refusant de livrer son complice, Adel Achbar « a choisi d’assumer seul ses actes », la procureur Margaret Parietti souligne qu’à l’époque du braquage, le jeune homme « n’avait jamais été condamné, même si, depuis, il a multiplié les peines pour vols, destructions et outrages ». En l’occurrence, elle sollicite une peine « qui ne soit pas inférieure à dix mois ferme ».

« Descente aux enfers »

Pour la défense, Me Hakkar parle d’un jeune « issu d’une famille aimante et structurée qui a été déstabilisé lorsque ses parents ont déménagé de Poligny à Dole. Dès lors, il est tombé dans la délinquance : alcool, cannabis, mauvaises fréquentations. Ça a été la descente aux enfers pour ce jeune qui venait de passer son bac et avait commencé une carrière de commercial ». L’avocat citera également les problèmes psychologiques de son client, « pour lesquels il se fait suivre et soigner en prison », afin d’invoquer la clémence des juges et de solliciter une peine assortie en partie d’un sursis avec mise à l’épreuve.
Au terme des délibérés, Adel Achbar est retourné à la prison de Metz avec quinze mois supplémentaires à purger. À sa sortie, comme l’ont indiqué les juges, il sera placé sous l’épée de Damoclès des quatorze mois avec sursis et mise à l’épreuve prononcés dans le cadre d’autres affaires. Avec obligation d’indemniser le buraliste.

http://www.estrepublicain.fr/doubs/2012/06/29/braqueur-de-buraliste-quinze-mois-ferme

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