lundi 17 septembre 2012

Mort d'Agnès Le Roux : Agnelet veut être rejugé

C'est ce lundi, en début d'après-midi, que la commission de révision des condamnations pénales doit se prononcer sur la requête déposée par Jean-Maurice Agnelet. Elle dira alors si le dossier doit rester définitivement clos, ou si l'affaire pour laquelle l'ex-avocat niçois a été condamné sera susceptible de connaître un nouveau procès. La disparition d'Agnès Le Roux, 29 ans, est une énigme judiciaire qui remonte à la Toussaint 1977. Ce week-end-là, l'héritière du casino niçois Le Palais de la Méditerranée s'était volatilisée après être partie avec sa Range Rover. Ni voiture ni corps ne devaient jamais être retrouvés. Après avoir bénéficié d'un non-lieu en 1985, son amant, Jean-Maurice Agnelet, était finalement renvoyé aux assises. Acquitté en 2006, il était condamné en 2007 en appel. Il a toujours clamé son innocence.
Ouverte en cas d'éléments nouveaux dans une affaire judiciaire, la requête de Jean-Maurice Agnelet se base ici sur les déclarations d'un ancien truand marseillais affirmant savoir qui a véritablement tué la jeune femme. Auteur d'un ouvrage de confessions paru en mars 2011, Jean-Pierre Hernandez, 75 ans, ancien proche du parrain marseillais Gaëtan Zampa, affirme qu'un de ses amis voyous, Jeannot Lucchesi, lui avait confié, quelques mois avant sa mort en 1987, qu'il avait tué l'héritière du Palais de la Méditerranée, dans le cadre d'un contrat. "C'est moi qui suis monté à Nice (...) Cela ne m'a pas plu, j'étais dégoûté, mais on m'a demandé de le faire et je l'ai fait", lui aurait dit Lucchesi. "Quand ça a été fait, aurait-il poursuivi, (...) on a jeté le corps à la mer avec toutes ses affaires. Pour la voiture, on l'a emmenée à Marseille (...) pour la faire écraser." Pour Hernandez, la condamnation d'Agnelet est une erreur judiciaire.
Un témoignage "pas suffisamment sérieux"
Mais les révisions de condamnations pénales restent rares en France : ce type de procédure n'a abouti que huit fois en matière criminelle depuis la Seconde Guerre mondiale. Et dans le cas Agnelet aussi, les chances semblent minces. Lors de l'audience à huis clos devant la commission de révision le 18 juin dernier, l'avocat général avait estimé que, si ce témoignage était certes nouveau, il n'était "pas suffisamment sérieux", selon Me François Saint-Pierre, conseil de Jean-Maurice Agnelet. Mais, pour l'avocat, le niveau de sérieux d'un témoignage, "c'est à la cour d'assises (qui rejugerait Jean-Maurice Agnelet si sa requête aboutissait, NDLR) de l'apprécier". Un autre témoignage a été versé au dossier. Il s'agit de celui du fils d'un ancien du milieu niçois, dont le père aurait dit à l'époque, "la fille, on va s'en occuper".
"Les éléments retenus contre Agnelet ne sont pas plus sérieux que ceux qui ont été avancés par Agnelet" dans une affaire où il n'y a "aucune preuve matérielle", ni "témoin des faits", ni "scène de crime", estime pour sa part Me Saint-Pierre. "Tout cela, c'est une campagne de communication", rétorque Jean-Charles Le Roux, le frère de la victime, "mais je serais extrêmement surpris que la commission de révision donne raison à Agnelet". "Jean-Pierre Hernandez prétend être un caïd, mais on a l'impression que c'est de la vantardise pure", poursuit-il. "Il parle de quelqu'un qui est mort depuis 25 ans. A ce compte-là, on peut élucider nombre de meurtres !"
 

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