mardi 6 novembre 2012

L'auxiliaire de vie: "Je voulais que cette dame de 90 ans cesse de souffrir"

Une auxiliaire de vie a expliqué aux jurés pourquoi elle avait tenté de tuer la retraitée vençoise

A 90 ans, Mme Charlier se déplaçait avec grande difficulté et souffrait beaucoup. Elle me demandait sans cesse de l'aider à mourir. C'est ce que j'ai voulu faire,confesse d'une voix au timbre grave Anita Castro Cintas devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes. Femme mince aux cheveux bruns en queue-de-cheval et au visage très marqué, cette auxiliaire de vie de 43 ans vidait à l'époque une bouteille de vodka par jour.

Le soir du 14 janvier 2011 à Vence, elle avait bu « plus que d'habitude » lorsqu'elle « embrassa sur le front » la dame endormie dont elle s'occupait durant les week-ends. Puis elle lui pinça le nez et lui obstrua la bouche pour l'étouffer. Loin cependant de se laisser pousser vers l'au-delà, la retraitée s'était réveillée et vigoureusement débattue. « Anita tentait de m'étrangler après m'avoir bloqué la poitrine avec son genou »,a-t-elle raconté le lendemain en déposant plainte. « J'ai réussi à lui donner un coup de pied et à me dégager. Elle s'est mise à pleurnicher en implorant mon pardon. »

Paulette Charlier était décédée vingt-quatre heures plus tard d'une crise cardiaque. Sans que les experts puissent établir de lien direct avec l'agression. « Même si celle-ci a induit un stress ayant fragilisé davantage cette dame atteinte de multiples pathologies », précise à la barre un médecin légiste.

« Généreuse » au point de travailler bénévolement au Secours populaire, Anita Castro Cintas manquerait de recul dans l'exercice de son difficile métier. « Elle absorbe trop les souffrances des autres », résume un témoin. La vodka lui a-t-elle donné la force de passer à l'acte ? À moins que des relations professionnelles, comme elle l'affirme, l'aient incité à franchir cet interdit ? Une kinésithérapeute nie tout mauvais conseil en ce sens, en reconnaissant que Paulette Charlier « voulait mourir et souhaitait qu'on l'y aide ». « Elle répétait : Achevez-moi et qu'on en finisse », ajoute une seconde auxiliaire de vie intervenant en semaine. « Elle ne tenait de tels propos qu'en période d'intenses douleurs », tempère le fils de la victime. « Pour se convaincre de sa volonté de vivre, il suffit de voir avec quelle énergie elle a repoussé l'agression.»Immédiatement après, Laurent Charlier décrit une mère « très choquée, qui n'a pas voulu se recoucher, passant le reste de la nuit dans un fauteuil sans fermer l'œil ».

Verdict mardi soir

Poursuivie pour « tentative de meurtre sur personne vulnérable », Anita Castro Cintas saura ce soir quel sort lui réserve la cour d'assises, présidée par Anne Segond et composée en grande majorité de femmes. Après plusieurs cures de désintoxication, s'est-elle vraiment libérée de l'alcool qui la pousse à l'agressivité verbale et à la violence ? L'avocate générale Muriel Fusina craint que l'addiction soit encore présente, après le demi-aveu de l'intéressée - « je ne bois plus d'alcool fort» - confirmé implicitement par son compagnon : « Elle s'est pas mal calmée avec la bouteille. »

http://www.nicematin.com/cagnes-sur-mer/lauxiliaire-de-vie-je-voulais-que-cette-dame-de-90-ans-cesse-de-souffrir.1043413.html

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