jeudi 13 décembre 2012

Procès de l'Arche de Zoé / Rendez-vous en février

La défense des quatre prévenus présents à Paris au procès de l'Arche de Zoé, association qui avait tenté en 2007 d'exfiltrer du Tchad 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour, a plaidé hier la relaxe, estimant qu'ils ont été « aveuglés par leurs bons sentiments ». Le jugement sera rendu le 12 février.
Conseil de la journaliste Marie-Agnès Pèleran, Me Stéphane Lataste a estimé que cet aveuglement était lié à la conviction des protagonistes de cette affaire qu'il fallait « sauver le Darfour », rappelant le contexte de l'époque.
L'avocat a aussi évoqué devant le tribunal correctionnel le « message quasi messianique porté par un véritable gourou » en la personne du président de l'organisation, Éric Breteau, qui « apporte une réponse » à chaque fois qu'un doute apparaît.
L'opération d'évacuation avait été stoppée net alors que les bénévoles s'apprêtaient à faire embarquer les enfants dans un avion à destination de la France. Selon plusieurs ONG, ils étaient pour la plupart tchadiens et n'étaient pas orphelins.
Selon Me Françoise Davideau, intervenant pour le Dr Philippe van Winkelberg, « un doute demeure » à ce sujet, « ce n'est pas parce qu'on a été embarqués là-dedans qu'on est en faute ».
"Bal des faux-culs et des amnésiques"
Son confrère Jean-Claude Guidicelli a estimé que le docteur, sur le banc des prévenus, aurait pu tout autant se retrouver sur celui des parties civiles, dénonçant un « procès sacrificiel où l'on essaie tant bien que mal d'attribuer aux uns et aux autres des rôles » et où l'on remet des « satisfecits ».
Il a fustigé le « bal des faux-culs et des amnésiques » des témoins « qui essaient de nous convaincre qu'il n'y avait pas de guerre au Darfour et que les enfants n'étaient pas en danger ».
« Tout le monde savait » que cette opération était en cours, notamment l'armée française, qui avait fourni un avion Transall pour acheminer les équipes et le matériel sur place, ce qui pouvait accréditer l'idée chez son client qu'elle était « légale et légitime ».
Me Guidicelli a rappelé que le Tchad, par l'intermédiaire de l'« Association tchadienne pour le bien-être des enfants », réclamait au Dr Van Winkelberg 6,3 millions d'euros de dommages et intérêts. Une somme que le président Idriss Deby a de nouveau demandée récemment, et que l'État français n'a pas vocation à régler en cas de condamnation, a redit le quai d'Orsay. La cour d'appel d'Aix-en-Provence doit se prononcer le 18 décembre.
L'avocat d'un membre de l'association resté en France, Christophe Letien, et du logisticien Alain Péligat a évoqué la « malédiction de l'Arche de Zoé », rappelant que l'objectif de ses clients était d'« aller chercher des orphelins en zone de guerre ».
Mardi, une peine de deux ans de prison ferme assortie d'un mandat d'arrêt a été requise à l'encontre d'Éric Breteau et sa compagne Émilie Lelouch, qui se trouvent en Afrique du Sud et ont refusé de comparaître au procès, où ils n'étaient pas représentés.
Dix-huit mois avec sursis ont été requis contre Christophe Letien et un an avec sursis contre Philippe van Winkelberg. Huit mois de prison avec sursis ont été demandés contre Alain Péligat et Marie-Agnès Pèleran

http://www.lunion.presse.fr/article/francemonde/proces-de-larche-de-zoe-rendez-vous-en-fevrier

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