lundi 28 janvier 2013

Fourniret de retour aux assises

Le tueur en série, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de sept jeunes filles entre 1987 et 2001, doit maintenant répondre d'un crime crapuleux devant la cour d'assises de Versailles. En avril 1988, Michel Fourniret, l'Ogre des Ardennes, avait étranglé la compagne d'une figure du banditisme pour s'emparer du trésor de guerre du « gang des Postiches ».
L'ASSASSINAT de Farida Hammiche, pour lequel Michel Fourniret, l'Ogre des Ardennes a été mis en examen en juin 2009, n'est pas prescrit. C'est ce qui découle d'un arrêt de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles rendu en juin 2011. Michel Fourniret devra donc bel et bien répondre de ce crime crapuleux perpétré en avril 1988 pour s'emparer du trésor de guerre amassé par le gang des Postiches dans les années 80. Il en sera de même pour son ex-femme, Monique Olivier, suspectée d'avoir pris part au sort funeste réservé à la compagne d'une figure du banditisme. Le procès pourrait se tenir dans le courant de l'année.
Le « tuyau » de l'Italien
Les aveux du couple, recueillis par les policiers belges, puis les investigations menées par la police judiciaire ont permis aux magistrats français de reconstituer la trame de cette incroyable histoire. Elle débute avec la chute sanglante du gang des Postiches, en janvier 1986. Les braqueurs à perruques et fausses moustaches écument les banques à la barbe de la police depuis cinq ans, quand une fusillade éclate à la sortie d'un Crédit Lyonnais parisien. Un policier et un truand restent à terre. Les Postiches se mettent au vert en Italie, à Rome. L'un d'eux, André Bellaiche, tombe entre les mains des carabiniers en août. Deux comparses le libèrent en hélicoptère. Ils emmènent avec eux un truand italien, Gian Luigi Esposito. Retour en France. Les quatre hommes se réfugient dans une planque en banlieue parisienne.
Chasse au trésor
Une nuit, les Postiches déménagent leur « trésor de guerre » en compagnie de leur camarade de cavale. Ils le dissimulent dans le cimetière de Fontenay-en-Parisis. Les lingots et les pièces d'or, qui dormaient dans les coffres de banque, sont placés dans une caisse à outils enfouie à l'arrière d'une tombe. Quand ils se font pincer, les enquêteurs retrouvent quelques milliers de pièces d'or et des bijoux à la pelle. Pas le magot du cimetière. À la même époque, Michel Fourniret est en prison à Fleury-Mérogis, dans le cadre d'une série d'agressions. « Le Pointeur » partage sa cellule avec un certain Jean-Pierre Hellegouarch. Le braqueur, lié au groupe d'extrême gauche Action directe, prend Fourniret sous son aile protectrice, ignorant, semble-t-il, les détails de son parcours de délinquant sexuel.
Michel Fourniret est le premier à sortir, en octobre 1987. Les anciens codétenus restent en contact par l'entremise de Farida Hammiche. Lors d'un parloir, Hellegouarch révèle à sa compagne l'existence d'un trésor caché. Il tient le « tuyau » de Gian Luigi Esposito, incarcéré à ses côtés et en attente d'extradition. L'Italien a vendu la mèche pour doubler les Postiches. Il compte sur Hellegouarch pour déplacer l'or en échange d'une confortable commission. Celui-ci demande à sa compagne de conduire l'opération avec la complicité du fidèle Fourniret. En mars 1988, Farida, Fourniret et la nouvelle compagne de ce dernier, Monique Olivier, partent à la chasse au trésor en pleine nuit. Ils exhument la caisse à outils.

« Ne me tue pas comme ça ! »
Fourniret doit encaisser 500 000 francs en échange. À ce prix-là, il doit aussi aménager une cache dans l'appartement de Farida Hammiche. Mission accomplie. Seulement, le 14 avril, Farida déserte le parloir. Son véhicule est découvert sur un parking à Orly. Aurait-elle empoché le jackpot pour s'envoler avec ? Mystère. Sa famille mène les recherches avec le soutien actif de Michel Fourniret. Celui-ci pousse le vice jusqu'à engager un détective privé pour éloigner les soupçons.
Le sort de la malheureuse aurait été scellé la veille du parloir. De l'aveu de Monique Olivier, Fourniret n'était « pas satisfait de sa part ». Il aurait alors décidé de « supprimer Farida Hammiche ». Le piège se referme. Il convainc la jeune femme de se rendre dans une carrière près de Rambouillet pour récupérer des armes. Farida Hammiche aurait été exécutée sur le trajet.
« J'avais un lacet, j'ai entouré le cou de Farida », a raconté Fourniret au procès de Charleville-Mézières. « Elle s'est débattue à tel point que j'ai dû lâcher », a- t-il poursuivi. Elle s'enfuit hors de la voiture. Il la rattrape et cherche encore à l'étrangler. « Je suis face à elle, elle me regarde. Et elle me dit : ''Michel, ne me tue pas comme ça !'' »
Finalement, la malheureuse aurait été achevée à coups de baïonnette.
Poursuivant leur funeste dessein, les diaboliques se débarrassent du macabre fardeau en cours de route. Le pervers aurait enterré Farida de ses propres mains. « Creusant la terre meuble et humide. » Le couple aurait ensuite récupéré l'or à son appartement.
Les policiers ont bien amené le tueur en série sur le terrain pour qu'il les guide jusqu'à la sépulture, comme il l'avait promis à son procès dans les Ar-dennes. Mais Fourniret a semblé incapable de s'en souvenir.


http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/fourniret-de-retour-aux-assises

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