Sept voitures brûlées dans la nuit du 23 janvier, rue Claude-Masse et Bastion-de-l'Evangile. Deux autres, une semaine plus tard, dans le même secteur. Et deux encore le 2 mars, rue du Général-Sarrail. Plus une petite dernière ajoutée à la liste, rue de Jéricho.
En ce début 2012, la psychose n'est pas loin de gagner les habitants de Fétilly, Jéricho et la Trompette, à La Rochelle. D'autant que le ou les mystérieux incendiaires de voitures s'en prennent aussi aux habitations : les murs de deux maisons ont été dégradés par le feu sous l'œil épouvanté des propriétaires qui parlent de « flammes de huit mètres de haut ».
Le 12 mars, le Service départemental d'incendie et de secours reçoit un étrange appel. « C'est moi qui ai mis le feu aux voitures, dit une voix. Je n'en peux plus, j'ai besoin de soulager ma conscience. » Et l'homme donne son nom et son adresse. Les policiers l'interpellent dans la foulée. Il s'appelle Alexandre B., a 29 ans, et n'est pas un inconnu de leurs services. Son casier judiciaire porte trace de 14 condamnations, la plupart pour incendies volontaires. Son exploit le plus retentissant remonte à 1998 quand, âgé de 15 ans, il met le feu au tribunal de La Rochelle où il doit comparaître le lendemain comme victime dans un procès pour abus sexuel.
« J'étais ivre »
Depuis, Alexandre a de nouveau été condamné. Le même tribunal lui a infligé en août dernier 18 mois de prison dont six avec sursis pour des violences sur son compagnon de l'époque (« Sud Ouest » du 3 août 2012). Mais son procès pour les voitures brûlées de Fétilly avait été reporté à plusieurs reprises, faute d'expertise psychiatrique.
Il a eu lieu hier. Alexandre, incarcéré depuis son arrestation, ne reconnaît que les incendies du 2 mars. Les autres, il ne s'en souvient pas. « J'étais ivre. » Certes le mode opératoire est identique : pas de mèche ni d'essence, mais un simple briquet aussi efficace qu'un chalumeau placé au bon endroit, derrière la roue arrière, au niveau du réservoir. Mais il n'y a pas trente-six manières de brûler une voiture, souligne son avocate, Anne Nerrand-Pasquier. Le fait-divers a été si largement médiatisé qu'il a pu inspirer des imitateurs. Rien ne prouve qu'il en est l'auteur. D'ailleurs, le soir du 23 janvier, Alexandre était resté chez lui « parce qu'il travaillait le lendemain. »
Bienveillant, le tribunal l'a reconnu coupable des deux seuls incendies du 2 mars et l'a relaxé pour tous les autres. « Au bénéfice du doute ». Mais, pas dupe, il l'a condamné à un an de prison ferme, contre les 18 mois requis par le procureur, avec révocation de deux sursis antérieurs. Alexandre, qui était libérable en février 2014, jouera donc les prolongations.
Quant à l'expertise psychiatrique, les juges l'attendent toujours. Dommage, elle leur aurait peut-être fourni l'explication qu'ils attendaient : ont-ils eu affaire à un incendiaire ou à un pyromane ?
http://www.sudouest.fr/2013/01/09/l-homme-au-briquet-en-prison-928476-1391.php
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