dimanche 27 janvier 2013

Tarbes. Le chien mord le voisin enragé

Isabelle, la cinquantaine portant beau, arrive à la barre, salue courtoisement le tribunal et attend, dans une attitude très civile, comme à une réception mondaine. Derrière elle, un homme âgé au visage carré, l'œil noir et l'air pas commode, vient s'asseoir sur le banc des parties civiles. Ce qu'on reproche à Isabelle : que son chien, un petit labrit, ait mordu René, son voisin : le portail de la maison était ouvert et la chienne s'est faufilée pour aller se régaler du mollet du retraité.
Cette affaire aurait normalement dû être traitée devant le tribunal de police, vu sa gravité très relative. Mais la partie civile a de la suite dans les idées, pour ne pas dire de la gnaque et du mordant elle aussi : l'affaire a été portée devant le juge unique, puis tant qu'à faire, devant le tribunal correctionnel en audience collégiale. Rien que ça.
«Nous n'en serions jamais arrivés là si notre voisin n'avait pas eu cette attitude, explique Isabelle. Derrière cette apparence de gentil retraité paisible qu'il affiche, il est plein de haine. Chaque fois qu'il passe devant notre maison, plusieurs fois par jour, exprès, il excite la chienne tant qu'il peut. Un labrit, ça pince, c'est vif, tout le monde le sait. Le portail était entrouvert ce jour-là, et elle a mordu. Je suis désolée que ce soit arrivé, mais il faut reconnaître qu'il l'a largement cherché.» Mais ce n'est pas la première fois que la petite chienne mord : «Dans ces cas-là, on prend des mesures», souligne le président Hoareau. «Nous l'avons fait ! Une barrière électrique, un collier de dressage… Mais il l'excite tellement qu'à la première occasion… Je crois que les chiens sentent l'animosité entre les personnes.» Un portail qui s'entrouvre et clac, la petite bergère se rue sur le voisin honni.
«Nous sommes en plein conflit de voisinage, constate la procureure Marion d'Olce. Là-dedans, personne n'est tout noir ou tout blanc. Tous les certificats du chien sont en règle et les dispositions ont été prises. Mais il a mordu, pour une inattention, et le préjudice est minime.» C'est bien comme ça que l'entend le tribunal : 500 € d'amende avec sursis et 100 € de dommages et intérêts pour remplacer le pantalon déchiré de René. Rien ne dit que la petite chienne à la dent dure sera ou non privée de croquettes pour lui apprendre à ne pas se mêler des affaires des humains, surtout quand elles sont un peu glauques et parfaitement puériles.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/01/22/1541682-le-chien-arbitre-le-conflit-entre-voisins.html

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