Quelques secondes plus tôt, elle a sauté en marche du véhicule que conduisait son concubin. Dans la matinée, ils ont eu une prise de bec. La énième dans le couple. Elle lui reprochait de ne penser qu’à ses copains et de négliger son rôle de père auprès de leur bébé, âgé de six semaines.
Il a vu rouge, l’a frappée, elle s’est enfuie à pied. Laissant leur nourrisson seul à la maison, il l’a rattrapée en voiture, a tenté de l’écraser dans un champ, lui a finalement dit de monter à ses côtés puis a roulé en l’insultant, jusqu’à ce qu’elle s’éjecte de la voiture au centre-ville de Valdahon.
Le voici justement qui se présente à l’entrée du cabinet dentaire où sa compagne a trouvé refuge.
Une lame sous la gorge
Les portes ayant été prestement refermées, il brise un double vitrage avec son coude.« Où elle est ? », éructe-t-il, en furie, une fois à l’intérieur. Un dentiste tente de le retenir. Son assistante tente d’apaiser les choses mais se voit plaquée contre un mur, une lame de couteau sous la gorge tandis qu’il la menace : « Dis-moi où elle est sinon je te saigne. »
Il va finir par partir et sera rapidement interpellé par les gendarmes. Lesquels le verront se taper la tête contre les murs, de rage, au cours de son audition.
Des faits qui tranchent singulièrement avec son attitude face au tribunal. Où il présente ses excuses aux victimes, « demande pardon » et se dit « sincèrement désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris. »
Depuis cet épisode ultra-violent, Cyril Colinot, tout juste 20 ans, a passé près d’un an en détention provisoire avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire.
« J’ai réfléchi depuis et je reconnais que j’ai parfois été odieux avec elle », dit-il à la barre. « On en a discuté ensemble quand elle est venue me voir au parloir et je pense qu’on pourrait repartir ensemble. » Reste que les experts psys ont souligné son immaturité. Et que le procureur Hirth a parlé de « relation pathologique » s’agissant des deux conjoints.
« Marqué par les violences de son père »
Pour l’heure, M e Degenève, avocat des parties civiles, rappelle « le traumatisme des victimes suite à l’éruption de ce fou dans le cabinet dentaire. »Fustigeant une « explosion de violence », le procureur Hirth a « peur qu’un jour il ne se retrouve devant les assises pour avoir tué quelqu’un. » Il préconise une peine « assez sévère pour le dissuader de recommencer : trois ans de prison dont deux avec sursis et mise à l’épreuve avec obligation de soins. »
Faisant pour sa part un parallèle avec Dr Jekyll et Mister Hyde, M e Bresson, côté défense, parle d’un « jeune homme bien sous tous rapports mais marqué par les violences paternelles subies dans son enfance » et plaide en faveur d’un sursis avec mise à l’épreuve.
Au terme des délibérés, Cyril Colinot a été condamné à trente mois dont dix-huit avec sursis et mise à l’épreuve avec obligation de soins, de travailler et d’indemniser les victimes.
http://www.estrepublicain.fr/doubs/2013/01/28/dis-moi-ou-elle-est-sinon-je-te-saigne
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