jeudi 16 mai 2013

Nancy : « nous n’avons pas été entendus

« C’est bien simple : en cette période économique très difficile, dans notre région où le taux de chômage est élevé et où l’emploi devrait encore être plus qu’ailleurs une priorité, la voix d’un repreneur potentiel n’a pas été écoutée. C’est choquant… ».
Conseil d’une entreprise de l’Aube qui se proposait de reprendre 9 des 15 salariés de « PL Transports », entreprise de transports et de lavage de poids lourds placée en redressement judiciaire depuis fin janvier et dont l’audience de liquidation était programmée mardi matin devant la chambre des procédures collectives, Me Alexandre Bouthier ne décolère pas : « Avant l’audience, j’ai parlé avec l’administrateur judiciaire en charge du redressement et je lui ai clairement annoncé, devant des témoins, que mon client s’engageait à sauver 9 emplois. L’emploi, c’est quand même la priorité du code du commerce. J’ai également prévenu la greffière que j’intervenais pour un potentiel repreneur. Je n’ai pu assister à l’audience mais je m’attendais à être entendu. Cela n’a jamais été le cas. J’ai l’impression que l’on se moque de la survie d’une entreprise, de la survie de l’emploi… ».

« Hors de question d’en laisser six de côté »

Gérante de « PL Transports », dont le siège est à Bouxières-aux-Dames (54) et la plate-forme logistique à Pagny-sur-Meuse (55), Agnès Heldre était favorable à cette reprise. « Pour conserver des emplois même si ce n’était pas la totalité. Mais, non, le repreneur n’a pas été entendu et l’entreprise a été liquidée ce mardi… ». A noter qu’il n’y avait pas de représentant du parquet lors de cette audience.
Pour Yves Lesage, président du tribunal de commerce, « la chambre des procédures collectives a laissé le temps à cette société de se redresser. Mais, là, il n’y a plus de trésorerie, plus un sou en caisse. Le monde du transport souffre, il y a beaucoup de concurrence. Manifestement, le modèle économique de cette entreprise ne fonctionne plus. Mais sa liquidation n’empêchera pas le repreneur potentiel de reprendre les salariés libres de droit, de faire une proposition à l’administrateur, qui doit valoriser les actifs, pour toute ou partie du matériel ou des terrains ».

« J’espère que le repreneur ne sera pas dégoûté »

Pour le président du tribunal, « lancer une procédure de cession avec un repreneur prend plusieurs mois. Et, pendant ce temps, les salariés ne sont pas payés. Là, après le licenciement, les AGS (NDLR : fonds de garantie des créances salariales) vont payer les salariés pendant 45 jours. Ils pourront ensuite toucher le chômage. Sur ces 15 salariés, il était hors de question d’en laisser 6 de côté pour en avoir 9 au chaud… ».
« Je suis quand même étonné qu’un débat ne soit pas instauré », reprend Me Bouthier. « Qu’un repreneur ne soit pas entendu, c’est quand même exceptionnel… ».
« Si j’avais été à la place de l’avocat du repreneur, j’aurais également été choquée », assure Me Ariane Logier, conseil de PL Transports. « Il a manifesté l’intention de reprendre un certain nombre de contrats de travail mais cela n’a pas intéressé le tribunal. Cela méritait, je pense, au moins cinq minutes de considération. J’espère simplement que ce repreneur ne sera pas dégoûté et sera toujours intéressé… ».

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/05/16/nous-n-avons-pas-ete-entendus

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