dimanche 18 août 2013

L'affaire Lemaire revient en appel

Du 25 au 29 novembre, la cour d'assises de la Somme examinera à nouveau l'affaire Lemaire, le meurtre d'un habitant de Longueil-Annel (Oise) par sa femme et ses deux amants.
Par une triste ironie, on jugera la femme fatale et ses deux amants à la Sainte Catherine. Le procès Lemaire s'annonce comme un des événements de la fin d'année judiciaire en Picardie.

Au terme de la première audience, devant la cour d'assises de l'Oise, un sentiment de frustration l'avait emporté. Isabelle rejetait la faute sur les deux hommes, qui se renvoyaient mutuellement la responsabilité de la mort de Jean-Luc, le mari gênant.

Cette affaire hors norme avait commencé par l'appel angoissé d'Isabelle Lemaire, 31 ans à l'époque, le 20 novembre 2008, relayé par tous les médias régionaux : son mari, dépressif, avait disparu depuis onze jours. « C'est très dur sans lui. J'arrête pas de me demander s'il va revenir un jour », déclarait-elle alors.
 

Un ménage à trois, voire plus si affinités
 

En ne dédaignant pas la piste de la disparition inquiétante, les gendarmes enquêtent également sur le couple Lemaire et découvrent une situation cocasse : mariés depuis huit ans, ils ne partagent pas leur pavillon de Longueil-Annel, près de Compiègne, qu'avec leurs cinq enfants. S'y est invité « l'ami » Frédéric Ricaux, avec qui Isabelle Lemaire a eu un enfant et qui a même relégué le mari dans une chambrette, à la cave.

Ce n'est pas assez pour Isabelle, qui multiplie les aventures grâce à des sites de rencontre par téléphone et, une semaine avant la disparition de Jean-Luc, connaît au sens biblique Alain Lanternier, un entrepreneur du bâtiment né en 1971. L'hypothèse du suicide est écartée. La voiture de Jean-Luc, un employé de la société de courses de Compiègne, est retrouvée calcinée le 9 novembre. Les trois protagonistes sont placés en garde à vue le 26 novembre.
 

Aux assises, c'était le bal des menteurs
 

Les deux hommes craquent : ils indiquent que le corps du mari, tué à coups de pelle, a été enterré dans une carrière de sable de Bitry (Oise). Les gendarmes ne retrouveront son cadavre que le 12 décembre.

On pourrait alors imaginer que la lumière complète sera faite relativement facilement sur cette affaire. Un mari, une femme, deux amants. Deux mobiles possibles : la volonté d'éliminer un homme gênant et l'assurance-vie du défunt. Avec un corps et des indices, on se dit qu'à coups d'interrogatoires ou, au pire, lors du procès, les pièces de ce puzzle vont s'assembler.

Commence alors, particulièrement de la part d'Isabelle Lemaire, une longue série de mensonges, parfois si invraisemblables qu'ils en deviennent puérils. Ricaux accable Lanternier qui minimise son rôle et convainc la juge d'instruction. Elle le renvoie devant les assises non pour meurtre, mais pour des délits connexes (non-empêchement de crime, recel de cadavre et incendie de voiture).

Au procès, le président Damulot finira, dans un soupir, par évoquer un « bal des menteurs ». Quelle sera la danse à la mode cet automne ? Réponse le 25 novembre.


http://www.courrier-picard.fr/region/l-affaire-lemaire-revient-en-appel-ia0b0n161263

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