jeudi 31 octobre 2013

Nancy : 20 ans requis contre le Dr Muller pour le meurtre de sa femme

Le parquet a requis jeudi 20 ans de prison à l'encontre du docteur Jean-Louis Muller, l'accusant d'avoir maquillé en suicide le meurtre de sa femme, lors de son troisième procès d'assises à Nancy.
C'est son troisième procès d'assises à Nancy. Le parquet a requis jeudi 20 ans de prison à l'encontre du docteur Jean-Louis Muller, l'accusant d'avoir maquillé en suicide le meurtre de sa femme. "Il a tué la mère, il a tué la femme, ça mérite 20 ans", a conclu l'avocat général Jacques Santarelli au terme d'une heure quinze de réquisitoire, au cours duquel il s'est attaché à démonter la thèse du suicide de Brigitte Muller, soutenue par l'accusé.
Jean-Louis Muller clame sans relâche que son épouse Brigitte s'est suicidée avec le Magnum 357 retrouvé entre ses pieds, dans la salle de jeux située au sous-sol de leur pavillon alsacien, le 8 novembre 1999. Mais par deux fois les juridictions criminelles ne l'ont pas cru et l'ont condamné à 20 ans de réclusion. La Cour de cassation a cependant annulé le deuxième verdict et ordonné la tenue d'un troisième procès, devant les assises de Meurthe-et-Moselle.
"Il y a un problème récurrent, c'est celui de la preuve"
"Vous ne pourrez pas dire que cette femme s'est suicidée", a lancé jeudi aux jurés le représentant du ministère public, d'un ton vif au débit rapide, teinté d'un accent méridionnal. "Il y a un problème récurrent, c'est celui de la preuve, mais le mot ne doit pas vous effrayer", a-t-il dit aux jurés. 
M. Santarelli a appelé la Cour à lire les résultats des expertises "sans la prudence des experts, mais de manière énergique. C'est votre travail d'interpréter", a-t-il souligné. "Vous n'avez rien qui contienne le germe d'une erreur judiciaire", a-t-il encore cherché à rassurer les jurés. Selon lui, le mobile est assez évident: la liaison entamée par la victime peu avant sa mort avec un autre homme. "Même à l'opéra, on voit ces choses-là", a-t-il relevé en citant l'exemple de Colombine "trompée tous les soirs par Colombin. Un jour, il apprend que Colombine a un amant. Et il la tue sur la scène".
Aucune empreinte sur le pistolet
Durant huit jours, des dizaines de témoins et d'experts se sont succédé à la barre pour raconter les éléments de ce drame à huis clos, sans témoins. Des éléments souvent troublants, voire accablants contre le Dr Muller. C'est d'abord le fait qu'aucune empreinte n'ait été décelée sur le pistolet qui trouble, ni celle de la victime, ni celle de l'accusé, laissant entendre que l'arme aurait pu être nettoyée, bien que des matières organiques aient été retrouvées sur l'arme, comme le rappelle inlassablement la défense.
De même, de la poudre a été retrouvée sur les mains du médecin, davantage que sur celles de sa femme, ce qui constitue pour l'accusation l'une des charges principales contre ce généraliste qui comparaît libre. Reste que les constatations scientifiques relevées par pas moins de 18 expertises et contre-expertises n'ont apporté aucune certitude. "Rien n'est exclu, rien n'est probant", a ainsi résumé l'un d'entre eux, tant la scène du drame, une pièce maculée de sang et de matières organiques, n'a pu livrer les secrets de la mort de Brigitte Muller, une documentaliste de 42 ans. Pouvait-elle se suicider ? "Non !", ont hurlé l'accusation et les parties civiles, en dépeignant le portait d'une femme joyeuse, bonne mère.
Muller bavard et parfois convaincant
Dans son box, Jean-Louis Muller est apparu bavard et parfois convaincant, loin de l'image arrogante, voire pénible, qu'il avait laissé aux jurés de ses deux premiers procès. A Nancy, ce troisième procès a été marqué par l'affrontement permanent entre l'avocat de la défense, le ténor Me Eric Dupond-Moretti, et son contradicteur de la partie civile, Me Marc Vialle, qui ont instauré une ambiance électrique dans la salle.
Dans sa plaidoirie, mercredi soir, Me Vialle a affirmé avoir vu, "dans le seul œil qu'il restait (à Brigitte) l'image de la terreur", après un interrogatoire serré de l'accusé, qui a réaffirmé son innocence. L'avocat général Jacques Santarelli doit requérir jeudi matin, avant la plaidoirie d'Eric Dupond-Moretti. Le verdict est attendu dans la soirée.

 http://lci.tf1.fr/france/justice/deja-juge-deux-fois-coupable-le-dr-muller-fixe-jeudi-sur-son-sort-8302586.html

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