mercredi 25 décembre 2013

Albi. Trois ans de prison pour le voleur de Noël

«Sa vie n’est pas un conte de Noël, c’est certain», reconnaît le procureur d’Albi. Avec un casier judiciaire déjà encombré de 22 mentions, Alexandre Duffault ne s’attendait à aucun cadeau du tribunal correctionnel, même un 24 décembre. Cet homme de 41 ans comparaissait hier matin à Albi pour une douzaine de vols à la roulotte et vols par effraction commis fin 2012 à Albi, Lescure et Saint-Benoît-de-Carmaux. Le dossier le plus emblématique concernait le vol de 39 colis de Noël dans la nuit du 18 au 19 décembre 2012 à la mairie de Saint-Benoît.
«Ne voyez nulle perfidie de la part du Ministère public à nous réunir aujourd’hui un 24 décembre», a tenu à préciser Claude Dérens avant d’entamer ses réquisitions. Pour autant, la symbolique était forte de programmer cette audience à cette date pour juger trois hommes qui avaient défrayé la chronique l’an dernier à Noël. Quand l’alarme se déclenche, le soir du 18 décembre 2012 à la mairie de Saint-Benoît, l’employé de service se précipite. Il est 23 h 30 et il aperçoit deux hommes sortant du bâtiment public. L’un d’eux le menace avec un pied-de-biche. Les voleurs s’enfuient à bord d’un break Peugeot 405 de couleur blanche : un modèle rare qui conduira les policiers de Carmaux jusqu’à son propriétaire, un Albigeois de 36 ans, interpellé le lendemain du vol avec un cousin de 29 ans. Les deux cousins mettent en cause un 3e homme, Alexandre Duffault. Lui ne sera arrêté qu’au printemps suivant, dans la Creuse, suite au cambriolage d’un garage. «J’ai su un peu par hasard en appelant le SPIP (1) de Guéret que ma conditionnelle était révoquée. Alors, je suis parti dans la fuite : tous les jours, je commettais de petits faits pour acheter ma came et pouvoir vivre.»

Père braqueur, mère voleuse

Entre deux incarcérations, Alexandre partageait sa vie entre Guéret et Albi, où vit son ex-compagne et leurs deux enfants avec lesquels il n’a plus de contacts. Avec une constante, qui explique ses déboires judiciaires : une forte addiction à l’héroïne. À 41 ans, il a déjà passé 15 ans et 5 mois en prison, essentiellement pour des vols. Hier, il a dû aussi s’expliquer sur les vols à la roulotte commis sur le parking de la société Moroni, l’entreprise de Lescure où il avait travaillé 3 ou 4 mois en intérim. «Mon père était braqueur, ma mère volait. Pour moi, c’était normal de vivre comme ça», confesse-t-il à la barre.
Coprévenu dans l’affaire de Saint-Benoît, Grégory, 29 ans, est moins bavard. «J’ai fait une connerie, j’assume. J’avais besoin d’argent, un loyer à payer, un enfant qui arrivait.» Il écope de 6 mois de prison avec sursis assortis d’une obligation d’effectuer 210 heures d’intérêt général. Quant à Alexandre Duffault, il n’a pas échappé à la peine plancher demandée par le procureur : le tribunal l’a condamné à 3 ans de prison tout en donnant satisfaction à son avocate, Me Charlotte Chacon, qui avait plaidé la confusion de peine avec les 18 mois prononcés le 4 juillet par le tribunal de Guéret. Alexandre, incarcéré à Albi depuis le printemps, n’était libérable qu’en mai 2019. Avec cette 23e condamnation, il sait qu’il ne sortira pas avant 2020 ou 2021. Son souhait ?
Purger sa peine dans la Creuse. «Depuis que je suis à la prison d’Albi, j’ai perdu 12 kilos.»
(1) Service pénitentiaire d’insertion et de probation.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/12/25/1781974-3-ans-pour-le-voleur-de-noel.html

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