lundi 9 décembre 2013

Jugement au procès PIP mardi : "Je veux entendre le mot coupable"

Le tribunal correctionnel de Marseille rend mardi son jugement dans l'affaire des prothèses mammaires PIP. Jean-Claude Mas, fondateur de l'entreprise varoise risque quatre ans de prison ferme. Les victimes prévoient de faire appel "si les peines ne sont pas assez lourdes".

Le jugement est attendu depuis des mois. "Je veux entendre le mot coupable, lance Alexandra Blachère, présidente de l'association de défense des porteuses de prothèses PIP (PPP). Je suis pressée de connaître les peines qui vont être prononcées et de voir la réaction de Jean-Claude Mas." Après un mois de procès au printemps, le tribunal correctionnel de Marseille rend mardi à 10 heures son jugement dans l'affaire des prothèses mammaires PIP.
Les cinq dirigeants de la société varoise sont poursuivis pour tromperie aggravée au préjudice des patientes et escroquerie aux dépens du certificateur TÜV. Le parquet a requis en mai de six mois à quatre ans de prison ferme, 100.000 euros d'amende et une interdiction définitive d'exercer dans le secteur médical ou de gérer une entreprise. 
"On n'est pas des bimbos"
En mai, parmi les 7.445 femmes parties civiles, 300 à 400 femmes avaient fait le déplacement. Le centre des congrès de Marseille avait été transformé en prétoire pour l'occasion. Cette décision clôturera le premier acte judiciaire de cette affaire, "une étape symbolique" pour celle qui sa "bat pour les femmes qui n'ont pas la force de la faire." "On veut être reconnues comme victimes, on n'est pas des bimbos", tient à préciser Alexandra Blachère.
Mais il est probable que Jean-Claude Mas ou les victimes fassent appel. Pour la tromperie sur le gel de silicone, le fondateur de PIP risque deux ans de prison. "S'il est condamné en dehors de la tromperie, on fera appel", a prévenu lundi son avocat Yves Haddad dans Nice Matin.Alexandra Blachère prévoit elle aussi de faire appel "si les peines ne sont pas assez lourdes." La jeune femme a en ligne de mire le second volet du dossier : une information judiciaire contre X pour "blessures et homicides involontaires". "A ce moment-là, on reconnaîtra nos blessures, les peines peuvent être beaucoup plus lourdes et on peu prétendre à des compensations financières", dit-elle.  
Alexandra Blachère se bat aussi pour obtenir une prise en charge total pour la reconstruction, car se faire enlever les prothèses PIP a un coût pour ces femmes. "On nous dit de nous refaire opérer mais ce n'est pas si simple, ça coûte entre 2.500 et 5.000 euros", explique-t-elle.
Jean-Claude Mas nie la nocivité du gel de silicone
Jean-Claude Mas, "l'apprenti sorcier des prothèses", selon l'expression du procureur et les autres cadres de PIP - la directrice qualité, Hannelore Font, le président du directoire, Claude Couty, le directeur de la production, Loïc Gossart, et le responsable R&D, Thierry Brinon - "attendent la décision avec appréhension" et "anxiété", confient leurs avocats. Tous ont reconnu la fraude, révélée en mars 2010, sur le gel de silicone des implants, différent du Nusil déclaré officiellement, pour un gain annuel chiffré à un million d'euros. Mais Jean-Claude Mas, qui a présenté ses excuses à l'audience en mai, a persisté à en nier la nocivité, quand ses co-prévenus, à l'exception d'un seul, ont dit en ignorer les risques.
Le dernier bilan de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) fait état de plus de 7.500 ruptures et 3.000 effets indésirables, principalement des "réactions inflammatoires", pour un nombre de porteuses estimé à 30.000 en France et plusieurs centaines de milliers dans le monde.
 

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