mercredi 22 janvier 2014

Affaire Natacha Mougel

3ème jour ce mercredi du procès d'Alain Penin, accusé d'avoir tué Natacha Mougel en 2010. Photos, témoignages, vidéos, verbatim : l'audience en direct de la Cour d'Assises du Nord à Douai, minute par minute. 
Pour suivre ce direct, n'hésitez pas à rafraîchir régulièrement votre page en tapant la touche F5 de votre clavier ou en cliquant ici. Vous pouvez aussi lire le compte-rendu complet des deux premières journées d'audience en cliquant ici.


12h55 : la dangerosité de l'accusé

Le Dr Jean-Luc Ploye, expert psychologue a un avis assez tranché sur le risque de récidive chez Alain Penin :

"Je ne ne peux pas dire ce qu'il fera dans 15 ans mais j
e considère sa dangerosité criminelle extrêmement importante, encore agissante, et je suis extrêmement réservé quant à ses capacités de réinsertion.

Quand on a une lecture clinique de sa personnalité, le temps est suspendu. 2004, passage à l’acte. 2010, pratiquement le même mode opératoire.

Entre les deux il avait une injonction de soins… Totale inefficacité, il faut dire les choses clairement.
Il y a un travail extrêmement important à faire en ce qui le concerne
".

En remerciant l'expert après son exposé, la présidente de la Cour déclare "merci pour votre analyse complète, même si elle fait froid dans le dos".

12h45 : les caractéristiques du violeur en série

Poursuite de l'examen de la personnalité d'Alain Penin, avec le rapport de Jean-Luc Ploye, expert psychologue qui a déjà examiné Francis Heaulme, Michel Fourniret, ou encore Marc Dutroux :

"
Aucune vibration émotionnelle (quand l'accusé parle du meurtre de Natacha Mougel). Il est dans le narratif. Il va raconter une histoire, mécaniquement. Aucune souffrance, aucune culpabilité. Il ne va pas s’apitoyer.

Il s’approprie la victime, c’est sa chose. Il repère ses victimes, tel le chasseur qui poursuit sa proie.

C’est un tueur organisé. Après (le meurtre) il a repris la route, puis il est revenu pour effacer les traces. On ne peut absolument pas parler en ce qui le concerne d’état second, de violence qui amène la violence. Non. Conscience, organisation.

Il  a une personnalité qui pourrait ressembler à celle de Michel Fourniret (tueur en série). Là aussi avec une problématique sexuelle, avec également une espèce de toute puissance totale
. Mr Penin est un pervers sexuel".

12h30 : l'obsession sexuelle

Le docteur Ploye l'illustre avec les test de psychologie qu'il a soumis à Alain Penin, lors de leur entretien en mars 2001) :

"Sur une planche test qu’on lui présente, ou 98% des sujets vont voir une chauve-souris ou un petit nounours, lui voit un sexe de femme. Il est envahit par cette problématique. Sur une autre planche « On dirait une fille qui a ses règles, je ne vois rien d’autre ». Encore sur une autre planche : « des sous-vêtements féminins ». Deux ans et demi après (le meurtre de Natacha Mougel), c’est encore extrêmement enkysté dans son fonctionnement" dit l'expert.

12h15 : un prédateur

Jean-Luc Ploye évoque le rapport aux femmes d'Alain Penin :

"Il me dira qu’avant 2004 (viol avec arme de Sylvia Peromingo), il s’était déjà essayé. Je vais le comparer à un chasseur, un prédateur. Il repère un territoire où il y a des proies. Il est organisé" dit le psychologue.

"
Il a énormément de difficulté à mettre en place une relation harmonieuse avec une femme. C’est pratiquement impossible.

Le seul moment d’humanité que j’ai vu chez Mr Penin, c’est lorsqu’il me parle d’une rencontre avec une visiteuse de prison (
Sabrina, qui a témoigné hier. Voir le compte rendu de mardi). "Celle-ci, aucun fantasme autour d’elle parce que je me suis rendu compte qu’elle me ressemblait" m'a-t-il dit
".

12h00 : la sexualité d'Alain Penin en question

Le psychologue poursuit son analyse :

"
L’organisation de la sexualité de Mr Penin, commence par l’organisation de la sexualité de ses parents. Soit dans la réalité, soit dans le fantasme.

Il me dira qu’à plusieurs reprises, il était rejeté par les filles. C’était son ressentiment. Premier rapport sexuel à 25 ans, avec une mauvaise expérience qui s’est transformée par de la frustration. « Je vais me comporter autrement avec les femmes pour qu’elles m’apportent ce que je leur demande ». Il raisonne comme ça.

Il dormait dans la chambre de ses parents. « Je voyais bien des choses, mais je ne comprenais pas bien ». Ne pas comprendre, c’est fantasmer.

Il me dit qu’il aurait été violé par sa sœur aînée quand il avait une dizaine d’années et dit d’autre part qu’il a des soupçons concernant un contexte incestueux entre son père et sa sœur (qui se serait déroulé dans un endroit isolé, près d'une forêt). Peu importe si c’est réel ou pas, le fantasme est là
".

11H45 : Après une courte suspension, l'audience reprend avec le rapport d'un expert psychologue

Jean-Luc Ploye a rencontré Alain Penin à la maison d'arrêt de Sequedin en Mars 2011, six mois après le meurtre de Natacha Mougel. Ce psychologue a notamment déjà examiné Francis Heaulme.

Il précise qu'il a consulté le prévenu en ne souhaitant pas connaître le dossier. "C'est Mr Penin lui même qui m'intéresse".

Voici le début de son analyse :

"
Alain Penin a un niveau intellectuel tout à fait normal. En matière criminelle, quand il transgresse un interdit, il sait très bien ce qu’il fait.Il a le potentiel intellectuel pour s’inscrire dans une logique criminelle de manière froide et organisée.

C’est un pervers narcissique, avec un besoin de compensation de toute puissance. (lors du passage à l'acte) Il a le comportement d’un être tout puissant Et en face, c’est une chose. Un objet. Ça ne le concerne pas.

Et si la victime se défend, il y a à ce moment là un déferlement d’une extrême violence
".

Le psychologue ajoute que "quand il était petit on l’appelait « le petit gros ». Il y a chez lui des blessures narcissiques importantes."

11h15 : Alain Penin a-t-il trompé les experts, ou a-t-il été emporté ensuite par les tentations extérieures ?

C'est une question qui est régulièrement posée depuis le début du procès. L'expert psychiatre donne son avis :

"Il a trompé ses interlocuteurs et il s’est trompé lui-même, parce que l’excitation de l’idée de viol était trop grande. Il aurait pu appeler au secours, c’est ce que font certains sujets. Ça, il ne l’a pas fait".

11h00 : pourquoi Alain Penin a commis ces crimes ?

Le Docteur Zagury est interrogé par Me Abderrahmane Hammouch, avocat de la défense, sur les facteurs qui amené à la conduite criminelle de l'accusé.

L'expert répond :

"
Il faut distinguer la réflexion philosophique et le processus médico-légal. Si on se veut philosophe, on peut dire son enfance, la proximité de la sexualité de ses parents, son physique etc.. Tout cela ne pèse pas en faveur de l’épanouissement de la personne bien évidemment, mais ça c’est de la psychologie.

Mais d’un point de vue psychiatrique… Y a-t-il une maladie mentale ? Non ! Y a-t-il un  facteur aliénant lors du passage à l’acte ? Non !
"

10h45 : en demande-t-on trop aux experts psychiatres ?

La question est posée au Dr Zagury par Me Stéphane Maître, avocat des parties civiles. L'enjeu de ce procès est la question de la récidive, et de comprendre comment on a pu accorder une libération conditionnelle à Alain Penin.

L'expert psychiatre donne son point de vue sur la question :

"
On estime évident que le juge d’application des peines, les éducateurs, les conseillers de probations et les psychiatres se sont trompés. Et bien ce n’est pas une évidence ! Si ça l’était, il y aurait des pays qui seraient supposer travailler mieux que nous où il n’existerait aucune récidive !

A partir du moment où un homme a un libre arbitre, il a la possibilité de faire ou de ne pas faire. Mais nous, comment peut-on le savoir par avance ?

On va dire ce qu’il faut faire, définir des facteurs de potentielle récidive, mais on ne peut pas aller plus loin ! La psychiatrie a pour but de soigner les maladies mentales, mais là, ce n’est pas un malade mental !

Les experts ont un point de vue incertain parce que la vie est incertaine. On ne peut pas dire ce qu’un homme va faire dans dix ans ! On demande parfois à la psychiatrie des réponses qui ne relèvent pas de questions psychiatriques
".
Suivre le procès sur ce lien ou au dessus en tête d'article ....

http://nord-pas-de-calais.france3.fr/affaire-natacha-mougel

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