Lorsqu'elle s'avancera à la barre, raconter son calvaire, Françoise Hillarion devra rassembler tout son courage pour ne pas s'effondrer. Revivre, avec des mots, l'horreur de ce 28 avril 2009, affronter le regard des tortionnaires présumés de son mari, battu à mort dans une cave, et chercher à comprendre ce déchaînement de violence criminelle pour quelques milliers d'euros sont les épreuves que cette veuve de 63 ans, livreuse de poissons frais de Port-de-Bouc, devra surmonter lors de ces deux jours d'audience devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence.
Dans le box des accusés, deux hommes. Deux Port de Boucains, El Mouatez Billah Benyahia, 24 ans, et Amine Aouad, 23 ans, respectivement accusés de "vol avec violences ayant entraîné la mort" et "complicité". Le premier est soupçonné d'avoir porté les coups mortels à René Hillarion. Le second, de lui avoir fourni les clés de la cave, où était retrouvé ligoté le commerçant, ce 28 avril 2009, peu avant 10 heures.
Pour Françoise Hillarion, la journée avait débuté à 2 h 45 du matin, lorsqu'elle avait quitté son domicile pour se rendre à la Poissonnerie du marché, à Saint-Tropez, livrer sa marchandise, achetée la veille, à Sète. À son retour, vers 9 heures, son époux, retraité depuis quelques années, lui avait proposé de prendre le relais afin qu'elle puisse se reposer. Un coup de sonnette allait l'extirper de son sommeil, dix minutes plus tard.
"On a crevé ton mari. Où est ton pognon ?"
"On a crevé ton mari, il est dans la cave. Où est ton pognon ?", lui avait hurlé un des trois hommes encagoulés et gantés qui venaient de pousser violemment la porte d'entrée, en lui saisissant le cou d'une main et en la bâillonnant de l'autre. Puis, elle entendait le même homme ordonner à son complice : "on n'a plus rien à perdre, achève-la, achève-la".
Dans une incroyable réaction de survie, Françoise Hillarion parvenait à échapper à l'emprise de ses agresseurs en se débattant violemment et en criant de terreur. Paniqués, les trois hommes prenaient finalement la fuite par la terrasse. Quelques minutes plus tard, le cadavre de son mari était retrouvé par les pompiers dans une des caves de la résidence HLM Denis Papin. Il gisait sur le dos, les mains et les chevilles entravées. Un bâillon en plastique avait été fixé sur sa bouche. L'autopsie révélait qu'il avait reçu de violents coups sur le crâne et qu'il était mort étouffé par son vomi.
Quelques jours plus tard, un renseignement anonyme parvenait aux services de police, et donnait le nom de trois hommes présentés comme les auteurs de l'agression. Selon ce témoin, ils savaient que la victime transportait sur lui quotidiennement des sommes en espèces pour acheter du poisson à différents pêcheurs locaux. Rapidement, les enquêteurs interpellaient Amine Aouad, habitant la résidence. En garde à vue, il reconnaissait avoir ouvert une cave pour Benyahia qui lui aurait expliqué projeter un cambriolage... Interpellé à son tour, ce dernier a toujours nié être un des auteurs de ce vol tragique. Verdict vendredi.
http://www.laprovence.com/article/actualites/2698360/le-poissonnier-avait-ete-battu-a-mort-dans-une-cave-de-port-de-bouc.html
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