"Je n'envisageais pas une seconde qu'on les condamne. On ne comprend pas qu'ils aient été renvoyés devant une cour d'assises avec un dossier pareil", a déclaré Éric Dupond-Moretti, avocat d'Olivier Eustache. Ce dernier s'est dit "soulagé". "J'espère que cela va s'arrêter là", a-t-il lâché. Le parquet a dix jours pour faire appel. L'avocat général Marc Rouchayrolle avait requis 15 à 20 ans de réclusion criminelle à leur encontre, soutenant la thèse de "la pendaison assistée". Il affirmait que les deux hommes avaient assassiné Dominique Aubry, puis maquillé leur crime en suicide. Pour le ministère public, le mobile était évident. La veuve, "Libellule" ou "Libé" pour les intimes, dont la fortune est estimée à 14 millions d'euros, a fait de Franck Renard Payen son légataire universel deux mois avant son décès. Ce dernier est aussi bénéficiaire d'une assurance-vie de près d'un million d'euros.
"Oui, elle s'est suicidée"
"Le mobile n'est pas une preuve", avait fustigé Me Dupond-Moretti dans sa plaidoirie très sévère à l'égard de l'avocat général. "Pour condamner, il faut apporter la preuve de l'existence d'un crime, ce que vous êtes incapable de faire. On vous sent mal à l'aise, pas convaincu", avait-il lancé. Traces ADN détruites notamment sur la corde, heure incertaine du décès, "pollution" du lieu du drame par les enquêteurs, "interférence de la partie civile sur des témoins", la défense a démonté point par point la thèse de l'accusation. Une tâche d'autant plus aisée que la majorité des experts a privilégié la thèse du suicide au cours des deux semaines de débats.Après le décès de son mari, un célèbre marchand d'art, Dominique Aubry, 57 ans, est "une femme seule qui s'enfonce dans la dépression. Il n'y a plus rien qui la tire vers le haut. Elle boit. Oui, elle s'est suicidée", a insisté Emmanuelle Kneusé, avocate de Franck Renard Payen. Les deux hommes ont toujours nié l'assassinat. "Franck et moi sommes innocents. J'aimerais que cela s'arrête, c'est tout", a soutenu, une dernière fois, Olivier Eustache, le regard déterminé, avant que la cour ne se retire pour délibérer.
La défense s'est longuement attachée à leur personnalité, incompatible avec "l'horreur" des faits qu'on leur reprochait. Franck Renard Payen, toujours tiré à quatre épingles, aux airs de premier communiant, est "un immature", "un oiseau tombé du nid", incapable de faire du mal, et Olivier Eustache "le saint-bernard qui vient aider les autres, car cela le flatte", ont plaidé leurs avocats. Lundi, la partie civile avait pourtant dressé un portrait noir des deux hommes "aux abois", selon elle, car ils avaient contracté plusieurs dizaines de milliers d'euros de dettes. "L'ordre moral bourgeois est troublé", "des garçons qui dansent plus qu'ils ne travaillent" posent un problème, a répliqué Me Dupond-Moretti avant de conclure, à l'intention des jurés : "Au secours. À l'aide. J'ai besoin de vous pour remettre les choses dans l'ordre."
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