lundi 28 avril 2014

Procès : Jamel Leulmi en voulait-il aux assurances décès de ses femmes ?

C'est un procès hors norme qui devrait s'ouvrir cet après-midi devant la cour d'assises de l'Essonne à Evry. Au programme, un dossier épais d'une vingtaine de tomes pour trois semaines d'audiences, un ténor du barreau, M e Dupond-Moretti, et beaucoup de suspense. Car l'issue de cette affaire criminelle reste incertaine. Si de lourdes charges pèsent sur l'accusé, l'histoire a aussi ses zones d'ombre.
Jamel Leulmi, 36 ans, est accusé d'avoir tué sa femme, Kathlyn Vasseur, en 2007 pour toucher un pactole de près de 1,2 M€ en assurances décès. Il est également accusé de complicité dans la tentative d'assassinat en 2009 de Julie Derouette, l'une de ses compagnes, qui elle aussi avait contracté des assurances décès pour un montant de près de 5 M€.

C'est le témoignage de cette dernière qui a déclenché toute l'affaire. Le 11 juin 2010, cette jeune femme dépose plainte pour
, dont des originaux de contrats d'assurance décès souscrits au bénéfice de l'accusé. Elle raconte aux policiers qu'elle s'était rendue au Maroc en décembre 2009, afin de se marier avec Jamel Leulmi... en Algérie. Selon elle, ce dernier aurait prétendu que pour obtenir le visa algérien, il fallait contracter des assurances décès et passer par le Maroc.

« J'étais très amoureuse, bête et naïve. Je ne me suis pas posé de questions », déclarait-elle. Dans la nuit du 20 au 21 décembre, à Marrakech, l'accusé lui aurait dit de la suivre en voiture. Mais elle le perd de vue. « On m'a heurté à l'arrière plusieurs fois. J'ai eu un accident. Deux hommes se sont jetés sur moi. » Julie Derouette explique avoir été frappée aux cervicales et avoir ingurgité de force de l'alcool. Une personne serait arrivée à ce moment, faisant fuir les agresseurs.

Dès lors, les enquêteurs reviennent sur une autre affaire, classée sans suite. Le soir du 25 janvier 2007, Kathlyn Vasseur faisait du vélo avec son mari, quand elle avait été renversée par une voiture à Leudeville. Elle était décédée une semaine plus tard sans avoir repris connaissance. Les gendarmes avaient conclu à un accident de la circulation, le chauffard n'ayant pu être retrouvé. Jamel Leulmi avait alors touché 1,2 M€ d'assurances.

Mais à la lumière du témoignage de Julie Derouette, l'
reprend et de nouvelles expertises et contreexpertises sont menées. Si le décès de Kathlyn est peut-être dû à un choc avec une voiture, il pourrait aussi être la conséquence d'un « mécanisme de suffocation par compression des voix respiratoires ». Les témoins sur les lieux de l'accident avaient expliqué que Jamel Leulmi était allongé sur le corps de la victime, pour la protéger affirmait-il, et qu'ils avaient eu du mal à l'en retirer.

Puis les enquêteurs découvrent l'existence d'une troisième femme qui, elle aussi, a eu une liaison avec l'accusé et a également contracté en 2010 des assurances décès.

De son côté, la défense dénonce une enquête menée à charge et continue de privilégier la thèse de l'accident dans la mort de Kathlyn. Les avocats de l'accusé vont tenter de fragiliser le témoignage de sa principale accusatrice. Selon Jamel Leulmi, il n'a jamais été question de mariage avec Julie Derouette. Les 1 873 SMS échangés en l'espace de quelques semaines montrent un Leulmi harcelé repoussant ses avances. Et pour le voyage au Maroc, l'accusé y est bien allé mais avec sa compagne d'alors, avec qui il est pacsé. Cette dernière affirme que la nuit de l'agression, elle était avec lui, non pas à Marrakech, mais à deux heures de là, à Casablanca.

Autre élément troublant, le père de Julie Derouette est allé au Maroc et a soudoyé un gendarme pour faire changer la déposition de sa fille sur le déroulé des faits. Il y a aussi cette thèse d'un complot impliquant un intermédiaire et un homme au casier bien fourni, à qui Jamel Leulmi a prêté plus de 200 000 €. L'accusé affirme que ces hommes étaient en relation avec Julie Derouette et la dernière femme avec qui il avait souscrit des assurances en 2010. Selon lui, il aurait été piégé afin que cette dette soit effacée. Une histoire rocambolesque qui n'a pas convaincu le juge d'instruction.


http://www.leparisien.fr/faits-divers/proces-jamel-leulmi-en-voulait-il-aux-assurances-deces-de-ses-femmes-28-04-2014-3801371.php

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