vendredi 16 mai 2014

« Il m’a proposé de le liquider »

Le procureur vient de demander trente ans de réclusion criminelle contre Cindy Senocq et vingt-cinq ans contre Jérémie Zimmer.  Il a aussi réclamé cinq de prison dont trois avec sursis et mise à l’épreuve contre Mickael Senocq, poursuivi pour ne pas avoir empêché le crime alors qu’il connaissait le projet de sa sœur, et pour recel de cadavre. Verdict  attendu dans la soirée
Nancy. Muette depuis l’ouverture, et ce alors que les débats étaient exclusivement centrés sur la manipulation qu’elle aurait pu exercer sur Jérémie Zimmer, Cindy Senocq s’est enfin exprimée hier. La jeune femme, 30 ans et condamnée à 30 ans en 2012 à Metz, a raconté comment elle en était arrivée, à la fin du mois de mai 2009, à faire assassiner son concubin, le père de leurs deux enfants. Dans la nuit du 26 au 27 mai, alors qu’il s’approchait de la voiture de Cindy qui lui avait donné rendez-vous près de cet étang de Woippy, Serge Martz avait vu Zimmer lui sauter dessus et l’étrangler avec la suspente d’un parachute. Il était décédé d’une crise cardiaque.
Voix fluette et regard terne, Cindy a livré les détails de ce funeste guet-apens. Elle a révélé également ceux d’une première tentative d’assassinat, commise quelques jours plus tôt. Percuté à l’arrière par une voiture conduite par Zimmer, Serge parviendra cependant à s’échapper. D’apparence fragile, chétive même, la jeune femme possède en fait une détermination tout simplement effrayante. En août 2008, elle avait déjà essayé d’attenter à l’intégrité physique de son concubin. Et le bras armé qu’elle avait déniché n’était autre que Robert Martz, le frère de Serge, avec lequel elle avait eu durant quelques mois une relation sentimentale !

« C’est votre mode de fonctionnement de supprimer vos compagnons »

« Elle m’avait dit que ça n’allait plus avec mon frère, qu’il était violent », a expliqué Robert Martz. « Au départ, elle voulait que je le supprime. J’ai refusé. Il a donc été décidé de lui faire peur ». Cagoulé, il va quand même tirer sur son frère avec un pistolet à grenaille… Le président Redonnet fait remarquer à Cindy qu’en 2002, elle aurait demandé à Serge de liquider son concubin de l’époque. « On a quand même l’impression que c’est votre mode de fonctionnement de supprimer vos compagnons… ».
Cindy Senocq sait mettre les hommes dans sa poche. Zimmer et Robert Martz, qui se sont prestement glissés dans le costume de protecteur, assurent avoir été manipulés. « Les violences dont j’étais victime – gifles, coups de pied dans le ventre – n’étaient pas régulières mais ponctuelles », assure-t-elle. « Je n’ai pas porté plainte car j’avais peur de Serge, de ce qu’il pouvait faire. Il m’avait toujours dit que je lui appartenais, qu’il me prendrait les enfants si je partais ». Quid de ces SMS enflammés envoyés à la victime, dans lesquels on parle « mariage et troisième enfant ? ». « Pour avoir la paix, je lui écrivais ce qu’il voulait entendre ».
Zimmer, ce mercredi, avait assuré que Cindy était à l’origine de la décision de supprimer Martz. La jeune femme nie. « Alors que Serge venait de m’imposer une relation sexuelle, Jérémie m’a dit qu’il fallait trouver une solution. C’est lui qui m’a proposé de le liquider ». Elle réfute également avoir annoncé à Zimmer qu’elle était enceinte et qu’elle avait perdu leur enfant à cause des viols de son concubin.
Dépêchés à la barre, psychologues et psychiatres ont livré leur verdict. Bien noir. Terrible même : « Victimisation, borderline, dangerosité criminologique, traits de perversité ». A l’annonce de la découverte du corps, la jeune femme n’a pas hésité à aller consoler la mère du défunt. Un autre détail stupéfiant, livré par Jacques Santarelli, l’avocat général : près de l’étang, pendant que le père de ses enfants se faisait tuer par Zimmer, Cindy écoutait de la musique dans la voiture…
Réquisitions, plaidoiries et verdict aujourd’hui, avec un mobile du crime toujours assez flou. Hier, en fin de journée, Me Mehdi Zouaoui a tenté sa chance, patte de lapin sous la robe : « Pourquoi avoir tué Serge ? Pourquoi toutes ces vies gâchées ? ». Le silence qui a suivi a été interminable.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2014/05/16/il-m-a-propose-de-le-liquider

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