"Nicolas Bonnemaison était le médecin le plus indiqué pour le faire", a expliqué Michel Glanes, à la tête de l'hôpital depuis février 2010, soit un an et demi avant l'interpellation du praticien, le 10 août 2011. Pour Angel Piquemal, son prédécesseur, Nicolas Bonnemaison bénéficiait de "la confiance de ses pairs". "Je n'ai jamais entendu de critiques" et "il était proche de ses équipes". "En un mot, un type bien !" insiste-t-il.
"Cas de conscience"
Pourtant, Michel Glanes reconnaît s'être trouvé le 9 août 2010 face à un "cas de conscience" lorsqu'une cadre de santé lui remet, lors d'une réunion avec plusieurs responsables, un rapport rédigé à partir des témoignages de deux infirmières et une aide-soignante sur les agissements supposés du docteur Bonnemaison ; à savoir l'administration de médicaments, notamment du curare, en dehors des protocoles prévus par la loi Leonetti sur la fin de vie."Il s'agissait de faits répétés, graves, il y avait plusieurs témoins", dit-il. "Je connaissais les grandes lignes de la loi Leonetti. J'avais le sentiment qu'elle n'était pas respectée", a-t-il poursuivi en expliquant qu'il avait de ce fait alerté le parquet de Bayonne. Le lendemain, Nicolas Bonnemaison, convoqué dans le bureau du directeur, est interpellé par deux policiers et placé en garde à vue. Mis en examen le 12 août 2010, pour "empoisonnement sur personnes particulièrement vulnérables" pour quatre cas, il sera mis en cause pour trois autres décès en février 2012.
Interrogé sur le fonctionnement de l'unité d'urgences de court séjour, où exerçait Nicolas Bonnemaison, Michel Glanes a cependant récusé l'image d'une "unité fourre-tout où on orientait les patients en fin de vie" dont les autres services ne voulaient pas, l'un des axes de la défense de Nicolas Bonnemaison. Selon lui, l'unité de Dr Bonnemaison connaissait un taux de mortalité de 2,5 par mois, moins que d'autres services de l'hôpital.
"Difficultés relationnelles"
Christine Solano, qui travaillait avec Nicolas Bonnemaison depuis 2007, a également fait état d'un "changement" dans le comportement du médecin après son retour d'un arrêt maladie de plusieurs mois, en 2009, avec notamment "des difficultés relationnelles" "au quotidien" avec des membres de son équipe, sans réellement entrer dans les détails. Ils seront sans doute évoqués par plusieurs de ses collègues qui seront entendus jeudi après-midi. Concernant les faits reprochés, "les infirmières et l'aide-soignante ont fait des tentatives pour en parler à Nicolas Bonnemaison", a-t-elle assuré, mais "elles ont vu qu'elles ne pouvaient pas aborder le sujet". "Jamais je n'ai été prévenu", a répondu Nicolas Bonnemaison, qui a nié tout changement de comportement. "J'étais moins impliqué, je n'étais plus chef de service", a-t-il ajouté.Parallèlement, sa défense a souligné la relation proche entre Christine Solano et l'ancienne maîtresse de Nicolas Bonnemaison, qui aurait pu expliquer l'inimitié de la première. Me Arnaud Dupin a notamment rappelé les propos que cette dernière lui avait tenus la veille de son audition devant le juge d'instruction : "Je vais l'assassiner, le charger, lui en mettre plein la tête, c'est un pourri !" Mercredi, à l'audience, le Dr Bonnemaison avait reconnu une relation extraconjugale entre 2007 et 2009 avec une surveillante de son unité. L'urgentiste de 53 ans, jugé jusqu'au 27 juin, encourt la réclusion criminelle à perpétuité
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