vendredi 6 juin 2014

La plaidoirie des avocats pour une meilleure aide juridictionnelle

CHALONS-EN-CHAMPAGNE (51). Une vingtaine d’avocats châlonnais ont manifesté hier devant la préfecture, dans le cadre de la journée d’action sur la réforme de l’aide juridictionnelle.
Comme sœur Anne, les avocats ne voient rien venir sur le financement de l’aide juridictionnelle, sauf « une piste » qui enflamme la profession. « En octobre, la Garde des sceaux s’était engagée à ouvrir des négociations sur l’aide juridictionnelle. Nous attendons toujours. Et pendant ce temps-là, nous apprenons que Bercy envisage de financer l’aide juridictionnelle en nous taxant sur notre chiffre d’affaires. Comme si on taxait les médecins pour qu’ils financent la CMU ! C’est inadmissible ! »
Bâtonnier du barreau de Châlons, Me Hélène Marichal a redit tout le mal qu’elle pensait de ce projet lors d’une conférence de presse donnée hier après-midi à la cour d’appel de Reims avec ses homologues rémois, ardennais et aubois, à l’occasion de la journée d’action menée à l’initiative du Conseil national des barreaux (nos précédentes éditions). Plus tôt en matinée, environ la moitié des 56 avocats châlonnais ont défilé jusqu’à la préfecture pour remettre une motion au préfet de région.
Vent debout contre la taxation de leur chiffre d’affaires, les robes noires réclament également une revalorisation des forfaits de l’aide juridictionnelle. « Nous travaillons à perte quand nous prenons un dossier au titre de l’aide juridictionnelle », rappelle Me Marichal. « L’indemnisation est d’environ 50 euros de l’heure, alors qu’il en faudrait le double pour rentrer dans nos frais. C’est acceptable tant que ces dossiers sont minoritaires dans les cabinets, ce qui n’est plus souvent le cas. Il faut savoir que dans tous les barreaux, des avocats sont en redressement judiciaire car ils n’arrivent plus à couvrir les frais. »
Alors que les bénéficiaires de l’AJ – aux missions sont de plus en plus étendues – ont augmenté de 3,7 % entre 2011 et 2012, les dotations de l’État ont baissé de 9,3 % en 2012-2013. La motion des barreaux de France demande au gouvernement de « doubler » les crédits. Hier, la grogne s’est manifestée par une grève du secteur assisté (suspension des désignations d’office, renvoi des affaires non urgentes). Si la Garde des sceaux reste sourde à leurs revendications, les avocats n’excluent pas des actions « beaucoup plus musclées ».

http://www.lunion.presse.fr/region/la-plaidoirie-des-avocats-pour-une-meilleure-aide-ia18b0n358786

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