dimanche 15 juin 2014

Procès Bonnemaison : "J'ai demandé au docteur d'abréger ses souffrances"

Des proches de Fernand Dhooge, décédé dans le service du docteur Bonnemaison, ont apporté leur soutien à l'accusé. Il lui ont demandé d'euthanasier leur parent 
'est une première depuis que l'affaire a éclaté, en 2011. Ce vendredi, devant la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques, une famille de l'un des sept patients en fin de vie que Nicolas Bonnemaison est accusé d'avoir empoisonnés a expliqué lui avoir formellement demandé qu'il "euthanasie" son parent. 
Le défunt, Fernand Dhooge, a 66 ans lorsqu'il est admis, en mars 2010, à l'unité d'hospitalisation de courte durée de l'hôpital de Bayonne. Atteint d'un sixième cancer, d'une méningite et d'une septicémie, il est dans le coma à son arrivée dans le service dirigé par Nicolas Bonnemaison. Le diagnostic est formel: il n'y a plus d'espoir. Jamais entendue dans le cadre de la procédure, sa fille a écrit au président de la cour, Michel Le Maître, quelques jours avant l'ouverture du procès, pour venir témoigner. "Nous n'avons jamais été contactés par les enquêteurs ou la juge, mes frères et moi, alors que nous étions aussi aux côtés de notre père, le jour de sa mort. Seule sa seconde épouse a été auditionnée. Nous avons découvert dans un reportage à la télé, début juin, que le cas de Fernand avait été retenu contre le Dr Bonnemaison", déclare Isabelle Dhooge, entendue par visioconférence, et "choquée" d'avoir été ainsi oubliée par la justice. 
Le président lui indique qu'elle peut se constituer partie civile jusqu'à l'issue du procès, mais on comprend très vite que telle n'est pas son intention. Elle raconte sa rencontre avec le Dr Bonnemaison alors que son père agonise. "Je l'ai informé qu'il voulait partir dans la dignité, sans souffrance et donc, être euthanasié. Mon père était malade depuis 1995. J'ai demandé au Dr Bonnemaison d'abréger ses souffrances et de ne pas utiliser de chlorure de potassium, produit trop violent. Il m'a fait un signe de tête. Quelques minutes plus tard, il a lui a fait une injection, en présence d'une infirmière. Mon père est décédé peu après. Aujourd'hui, je tiens à le remercier. Il a su faire preuve d'humanité, a su nous entendre et respecter les dernières volontés de notre père. Une seule vie ne suffirait pas à lui témoigner notre reconnaissance."
"Peu importe le produit, il a aidé Fernand et nous lui en sommes reconnaissants."  
Pour elle, "à aucun moment le Dr Bonnemaison n'a commis d'erreur". Entendue dans la foulée, son ex-belle mère, Patricia Dooghe, confirme son soutien à l'ancien médecin. "Il nous a juste compris", dit-elle en pleurs.
Accusé par une infirmière d'avoir employé un curare, un produit létal, donc interdit par la loi, Nicolas Bonnemaison affirme avoir utilisé de "l'atarax, de la scopolamine et de la morphine" pour ce patient en fin de vie. "Peu importe le produit, il a aidé Fernand et nous lui en sommes reconnaissants", lâche Patricia Dooghe.
Suspendue pour le week-end, l'audience reprend lundi avec l'audition des médecins chargés par la justice d'expertiser chacun des dossiers médicaux des sept défunts. 

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