vendredi 13 juin 2014

Procès Bonnemaison: la fille d'un patient avait demandé l'euthanasie

La fille d'un homme de 66 ans, atteint de cinq cancers, a assuré vendredi devant la cour d'assises à Pau qu'elle avait demandé ouvertement au Dr Bonnemaison, accusé d'avoir abrégé la vie de sept patients, que son père soit euthanasié.
Isabelle Dhooge, 40 ans, a raconté par visio-conférence les dernières heures de son père, Fernand Dhooge, plongé dans le coma et hospitalisé dans l'unité du Dr Bonnemaison. "Il était recroquevillé, dans un état végétatif", a-t-elle expliqué, indiquant qu'elle savait qu'il ne restait à son père "plus beaucoup de temps à vivre". Malade depuis 1995, il était décédé le 30 mars 2010, au lendemain de son admission à l'hôpital de Bayonne.
"J'ai informé le Dr Bonnemaison de vive voix que mon père voulait partir dans la dignité, qu'il ne voulait pas d'acharnement thérapeutique. Il a dit que la décision avait été comprise", a-t-elle indiqué, avant de répéter: "J'ai informé le Dr Bonnemaison que mon père voulait être euthanasié".
La jeune femme a également raconté avoir demandé que le médecin n'utilise pas de "chlorure de potassium", mais quelque chose de "plus doux". Elle a ensuite relaté comment, son père ayant reçu l'extrême-onction, elle avait donné son accord "par un signe de tête" pour une injection, à laquelle elle a dit toutefois ne pas avoir directement assisté. Elle a précisé qu'il s'agissait, selon elle, de morphine et qu'aucune mention d'utilisation de curare ne lui avait été signifiée.
Selon elle, le décès est intervenu "5 à 10 minutes" plus tard. "On a eu le temps de lui dire au revoir", a-t-elle poursuivi, avant d'ajouter: "Une vie ne suffirait pas pour remercier le Dr Bonnemaison." "Il ne l'a pas tué, il l'a aidé à partir dignement".
Isabelle Dhooge s'est dite choquée qu'elle et ses deux frères n'aient pas été interrogés par la justice sur le cas de leur père. "C'est comme si nous n'avions pas existé", a-t-elle déploré.
"Merci! Grâce à vous cela a été moins difficile", a lancé à sa suite, en pleurs, Patricia Dhooge, deuxième épouse de M. Dhooge à l'adresse de l'urgentiste. "C'est pas possible de dire des mots à ce moment-là", a-t-elle plaidé.
Nicolas Bonnemaison, 53 ans, poursuivi pour "empoisonnement sur personnes particulièrement vulnérables" est accusé d'avoir administré à sept patients en fin de vie des médicaments hors du protocole de soins et sans avis d'autres médecins. Aucune famille de victime n'a porté plainte. Seuls des proches de deux victimes se sont portés parties civiles.
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